Satire de guerre
Après avoir durablement marqué le domaine des séries télés avec des shows ambitieux et qui n’ont pas peur de s’accorder des moyens, Netflix décide aussi de s’attaquer plus frontalement au secteur du...
Par
le 30 mai 2017
14 j'aime
1
Voir le film
Le statut de ce film peut déjà se placer au coeur de la véritable polémique qu'il lance : la comédie. War machine est une comédie sur une mascarade. On sait donc que l'on va rire pendant à peu près deux heures du fiasco de la guerre en Irak et d'un général (Brad Pitt en crétin sincère) qui se heurte à la réalité. Les films de guerre classiques font un bilan de situation qui va dans le même sens, pointant l'échec de la politique d'ingérence et du désastre humain que constitue la politique étrangère américaine (et plus globalement occidentale, les pays d'Europe venant régulièrement se salir sur le même terrain). Mais nous allons en rire. Car de toute façon, que pouvons nous y faire ? Tout en déroulant son intrigue, à la fois sous forme d'un voyage initiatique pour le général et d'une surenchère progressive dans l'absurdité pour nous (le film décroche même durant sa dernière demi heure, coupant régulièrement le son avec une musique planante qui nous emmène dans un autre monde (le dernier film ayant tenté ce genre de digression était Jarhead et son passage sur Crematoria)), le film cultive constamment ce sentiment d'impuissance. A la fois pour les militaires, mais aussi pour nous autres, spectateurs. Quoiqu'on fasse, on ne peut plus agir même par le vote. Alors, il ne nous reste plus qu'à en rire, si possible de façon bien grasse. Aussi, le film cherche constamment à être drôle, de façon lourde (le jeu outrancier de Brad Pitt y est pour beaucoup). S'il laissait l'absurdité de la situation prendre le dessus tout en conservant la dimension sérieuse des personnages, cela serait encore tolérable, mais là, on insiste, on insiste, il faut en rire même si c'est grave. Et cela cultive donc ce sentiment d'impuissance, puisque notre seule réaction peut dès lors être la poilade (et une vague mélancolie quand la voix off ponctue le récit). Reconnaissons lui toutefois quelques envolées humoristiques réussies, dont la meilleure doit être le plan final du film, où l'on voit, succédant à un Brad Pitt usé, un Russell Crowe remonté comme un taureau avec la même tête que dans l'épisode de South Park, qui provoque un fou rire immédiat et durable. Hélas, le bourrinage n'est pas toujours aussi sincère dans cette comédie, qui recycle au final le fond sans que la forme ne soit particulièrement efficace. En soit, le résultat n'a rien de honteux, mais au final, les autres films sérieux qu'on a pu voir sur le sujet sont davantage respectueux des soldats (qui sont ici des beaufs bourrins plus ou moins déprimés) tout en ciblant la critique de façon claire.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2017
Créée
le 11 juin 2017
Critique lue 415 fois
3 j'aime
D'autres avis sur War Machine
Après avoir durablement marqué le domaine des séries télés avec des shows ambitieux et qui n’ont pas peur de s’accorder des moyens, Netflix décide aussi de s’attaquer plus frontalement au secteur du...
Par
le 30 mai 2017
14 j'aime
1
Quel ennui devant ce film aussi calibré que profondément agaçant... Michôd veut faire un film sur l'engagement américain (et international tant qu'à faire) en Afghanistan et son absurdité. Très bien...
Par
le 26 mai 2017
11 j'aime
12
C'est presque impossible de classer un film comme War Machine, impossible dans tous les aspects techniques et artistiques. Est-ce une comédie ou un drame ? Ou les deux ? Il a de tout et tout...
Par
le 29 mai 2017
9 j'aime
Du même critique
On y est. Je peux dire que je l'avais attendu, je peux dire que j'avais des espoirs, je l'ai sûrement mérité. Non que je cède au désespoir, mais qu'après un remake comme celui d'Evil Dead, ou une...
le 14 août 2024
178 j'aime
48
Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...
le 15 déc. 2013
102 j'aime
116
Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...
le 1 oct. 2013
70 j'aime
36