La viande avariée est à la mode. Le zombie aussi et on en mange à tous les râteliers, en séries, en livres, en films, en dessins animés, des zombies qui marchent, des zombies qui courent, des zombies qui craignent la lumière du soleil, des zombies qui assiègent des pubs, des zombies aux yeux rouges, des zombies avec Mila Jovovitch, même Brad Pitt contre des hordes de zombies, on aura tout vu. Le zombie, à condition de ne jamais le nommer directement, c'est nettement mieux que le vampire, mythe qui lui aussi n'a pas respecté la chaîne du froid, maintes fois réchauffé et recongelé dans son cercueil-caisson avec plus ou moins de bonheurs, parce que paraît-il c'est aussi une critique de la société de consommation, qui survit post-mortem grâce à la dévoration de ses semblables au sang chaud.
Cette mode n'a pas échappée aux producteurs qui essayent toutes les combinaisons possibles. Là, on a affaire à un croisement improbable entre un film de zombies, Wall-E, sans le côté écolo-bobo, et une comédie romantique, histoire d'attirer par la même occasion le public féminin, peu friande habituellement d'éviscérations et d'abats (alors que bien cuisinés, c'est excellent). On sent que le concept arrive un peu à bout de course, il ne reste plus que les français s'y mettent aussi en faisant une comédie bien grasse avec Kad Merad et Frank Dubosc et on peut enterrer tout le monde dans un joli charnier, avec Romero en gardien des lieux.
Pour résumer l'histoire, c'est Kirsten Stewart en blonde qui saurait sourire (uniquement grâce à cela qu'on comprend que ce n'est pas elle mais son sosie), fille de John Malkovitch qui cachetonne en faisant le chef des forces encore non infectées du coin, et qui se fait enlever par un jeune homme zombifié qui a pris la mauvaise habitude de commenter ce qu'il fait en voix-off et d'accumuler dans son avion des objets du monde d'avant la catastrophe et notamment des vinyles, ce qui permet de créer une nouvelle sous-catégorie de zombie, le zombie hipster. Il capture la fille, après avoir tué et mangé le cerveau de son petit ami ( c'est tout ce que méritait le frère de James Franco) car soudain il a un coup de foudre, et par un prodigieux raccourci narratif, il peut bénéficier des souvenirs de ce dernier, lorsqu'il ingère sa cervelle (je me méfierai désormais quand on me proposera de la cervelle de canut, je suis sûre qu'il n'y a pas que du fromage et de la ciboulette dans ce truc). Progressivement, il redécouvre l'usage de la parole et ses mouvement deviennent plus fluides, et d'autiste geek, il devient devient l'initiateur d'une révolution sentimentale parmi ses compagnons avariés de fortune, comme quoi, on aura beau dire, la mixité chez les jeunes est vraiment une chose dangereuse. Pour pimenter le tout, le fait que les zombies retrouvent un cœur qui bat les fait devenir des cibles pour les ultra-zombies, parce qu'il fallait bien une menace, sortes de momies noires comme après avoir été plongées dans un bain de natron, avec de grandes dents et qui ont perdu tout espoir de rédemption (c'est un peu discriminant quand même).
Bref, un film amusant mais sans surprise et qui manque sérieusement de tripes et d'hémoglobine et d'un beau massacre final. Avec un happy end pour que tout le monde soit content sauf les puristes du genre. Vous ne pourrez plus dire que vous n'étiez pas au courant sur l'origine de cette viande.