L'amour pour défaire le capitalisme
En voyant la bande annonce, je me suis dit que ce film pourrait être amusant. Après tout, pourquoi ne pas modifier quelques codes de la mythologie zombienne. En plus il existe déjà un film similaire, Zombie Honeymoon, qui présentait quelques bonnes idées, mais décevaient sur l'ensemble ; c'était donc l'occasion de faire mieux. Malheureusement, Warm Bodies : Renaissance m'a autant déçu.
L'idée de base est chouette. C'est le traitement qui pose problème. Pour qu'une voix off fonctionne, il faut pas mal de talent, et surtout êter capable de très bons dialogues. Le film comporte une voix off sur les 3/4 des plans et les dialogues ne sont franchement pas terribles. Quelques petites notes d'humour, principalement du genre qu'on a déjà vu et qui peinerait donc à faire rire sans cette réminiscence d'autres films. Ensuite, il y a beaucoup de moments creux, la faute à des passages musicaux bien trop nombreux. Aussi, l'histoire d'amour, qui n'offre pas ebaucoup de conflits, prend trop de place, ou pas assez. Du coup, ce n'est ni un film de Zombies fun, ni une comédie romantique attendrissante. C'est juste entre les deux. Donc rien n'est approfondi ni d'un côté ni de l'autre, tout me semble plat.
Le film présente aussi quelques facilités, et ainsi, la contagion de l'amour, aussi belle cette métaphore puisse-t-elle être, est trop facile et ne rencontre pas trop d'obstacles (hormis papa Malkovitch mais qui a tellement peu de scènes que finalement il ne pose pas trop de problème). Quelques incohérences aussi où les osseux laissent le temps aux zombies de se regrouper alors que leur volonté de bouffer tout ce qui a un coeur qui bat aurait dû les poussr dès le début au massacre.
La métaphore du film est intéressante. Si on reprend là où Romero en était resté après Dawn of the Dead, c'est-à-dire que le zombie est une image du peuple consommateur piégé d'un monde capitaliste, on peut soutenir la thèse que ces Zombies réapprennent à vivre, en remettant en question l'inutilité, en pointant du doigt la vacuité d'un tel mode de vie (on retrouve les zombies qui n'ont pas de but, pas d'idéologie, qui se contentent de faire ce qu'ils ont toujours faits, comme ce gardien dans l'aéroport). C'est dommage que ce ne soit pas plus développé, et que cette histoire d'amour semble faciliter autant le processus.
C'est sans doute à cause de la mise en scène que le scénario est si superficiel. COmme dit plus haut, les passages musicaux sont trop nombreux. Parfois il y a 3 chansons qui s'enchaînent. On a affaire là à l'apogée de la réalisation clipesque, commencée dans les années 2000 avec la bourne trilogie et autres films épileptiques d'action ou d'horreur. Cette nouvelle décennie apporte une touche retro-electro. Les musiques sont chouettes, c'est sûr, il est rare d'entendre une si bonne VO dans un film pour ado (encore que Twilight 2 est assez riche de ce côté là). EN tous cas, aussi jolis ces plans puissent-ils être, leur portée narrative n'est pas très poussée, et l'aventure stagne alors que ç'aurait été le bon moment de développer certains points de cet univers fascinant.
Le casting est sympa sauf pour le rôle principal. Ce jeune garçon que j'avais découvert dans About A Boy 10 ans auparavant et qui m'avait conquis, m'a laissé ici indifférent. Son jeu est inconstant, mais peut-être peut-on imputer ces choix au réalisateur. Car ce qui m'a le plus étonné et agacé, c'est de voir ces zombies, clopinant un plan sur deux, et ... parfaitement normaux l'autre plan sur deux (si on ne tient pas compte du maquillage). Je ne sais pas qui blâmer pour ça, mais ça m'a agacé. Bon déjà, je préfère les zombies qui marchent...mais ça ne m'a pas empêché de découvrir avec beaucoup de plaisir 28 jours plus tard et sa suite. Ici, c'est comme si le réalisateur ne parvenait pas à se décider. Donc ils boitent parfois, puis ils se mettent à courir lors d'agression, puis ils marchent normalement le temps de mettre un disc... ou parfois juste le temps de se retourner...
Bref, beaucoup de lacunes pour ce Warm Bodies qui me semblait sympathique à priori. Malheureusement, l'histoire est superficielle, manque de conflits, d'intensité, et la mise en scène manque de rigueur. Maintenant je m'interroge, n'ayant pas lu le livre : y a-t-il une suite ? En général, c'est c equ'implique un sous-titre, à moins que ce ne soit juste l'incapacité des auteurs à trouver un titre parleur qui tienne en une ligne?