Réalisateur de Pride and glory, le new-yorkais Gavin O'Connor passe la vitesse supérieure avec Warrior, joli succès critique en 2011 plantant son histoire dans le monde musclé du MMA et opposant rien de moins que deux des comédiens les plus talentueux du moment.
Ayant bien comprit qu'un simple film sportif, aussi documenté soit-il, ne suffirait pas à emporter totalement la mise, Gavin O'Connor y greffe une histoire de filiation contrariée, le récit émouvant de deux frères ennemis ayant grandis séparément, dont le seul point commun est leur rencoeur envers un père violent et alcoolique, désormais sobre et bien décidé à atteindre une forme de rédemption.
Ancré dans un réalisme social brut de décoffrage, où les retombées du 11 septembre et de la crise économique sont palpables à chaque coin de rue, Warrior touche directement au coeur grâce à l'honnêteté de sa démarche, et à l'émotion qui s'en dégage. Cette dernière, allant crescendo, atteint une puissance phénoménale dans les dernières minutes, confrontation violente et cathartique à vous fendre le coeur.
Rugueux et mis en scène avec un talent certain, parfaitement rythmé malgré sa durée conséquente, Warrior doit également beaucoup à l'implication exceptionnelle de son casting. D'un côté du ring, l'australien Joel Edgerton, repéré notamment dans l'excellent Animal Kingdom, touchant en père de famille au pied du mur. De l'autre, le british Tom Hardy, boule de rage et de haine, véritable animal en cage qui ne demande qu'à exploser. Deux acteurs différents en bien des points, mais même force de jeu, même charisme fracassant au service de personnages complexes et parfaitement croqués. Face à eux, on ne peut que retenir la prestation à fleur de peau de Nick Nolte, immense comédien enfin retrouvé.
Dans la droite lignée d'un Rocky premier du nom, Warrior est un drame familial puissant et bouleversant, où chaque coup donné est un pas de plus vers le pardon, un putain de bon film porté par un casting d'exception.