Après une longue absence, Tommy, un ancien GI, revient dans la ville de son enfance et, malgré le mépris que son père lui inspire, demande à ce dernier de l'entraîner en vue d'un tournoi de MMA. Pendant ce temps, son frère cumule les postes de professeur de physique et participe à des combats de rue le week-end pour subvenir aux besoins de sa famille. Pour renflouer les dettes accumulées depuis l'opération du coeur de sa fillette, il intègre un club professionnel en vue du même tournoi. C'est sur le ring que les deux frangins semblent voués à régler leurs comptes.
Warrior c'est un peu la même claque que l'on ressent en découvrant le premier Rocky. Entre drame intimiste et sport de combat filmé avec un souci évident de réalisme, la trame minimaliste déroule les haines et les peurs enfouies d'un trio de protagonistes aux rancoeurs trop longtemps tenues sous silence.
Nick Nolte est magistral (comme à son habitude) en patriarche usé par l'alcool et en quête de rédemption. Bien que pathétique et touchant au demeurant, la haine et la défiance qu'il inspire à ses fils en dit assez long pour traduire un passé fait de cuites, de cris et de coups. Après s'être distingué dans quantités de rôles, Tom Hardy est encore une fois simplement grandiose en colosse vindicatif et implacable. Quant à Joel Edgerton, il incarne à merveille ce grand frère désemparé, déchiré entre la nécessité de recouvrir ses dettes pour sauver sa famille et l'amour qu'il porte à ce frère qu'il ne reconnait plus.
De cette dualité fraternelle impossible à résoudre viendra la nécessité du règlement de comptes, du pugilat salvateur sur le ring pour crever l'abcès et s'avouer son amour sous le regard lointain d'un père qui, faute d'avoir su se faire pardonner, aura au moins vu se réconcilier ses deux fils.
Warrior traite à la fois de famille éclatée, de rédemption et d'absence, de cette absence trop longue qui transforme les êtres aimés jusqu'à ce qu'ils nous deviennent étrangers. Bouleversant.