Quel film! Un monument, un choc culturel, une tempête: oubliez les blockbusters et les super-héros, voici un chef-d'oeuvre mémoriel:
Par l'ampleur des moyens et la qualité de la reconstitution, qui sautent aux yeux. Des dizaines de milliers de figurants, et quels figurants, secs, maigres, endurants, familiers de l'ordre de bataille et du maniement d'armes: de vrais guerriers, des cavaliers magnifiques, capables de tenir une charge au grand galop, sabre au clair!
Des plans de bataille de plusieurs kilomètres saisis avec le regard des dieux, une compagnie tenant le rôle d'un régiment, un régiment celui d'une division, une division pour un corps d'armée: incroyable... Et cette vision qui s'élargit soudain pour embrasser les armées rivales et comprendre les grands mouvements de troupe exécutés à la perfection... pour piquer sur les détails infimes, costumes et équipements de grande qualité par centaines, par milliers, images fugitives d'un merveilleux et respectable travail de reconstitution historique.
Par le souffle épique, la poésie martiale et réaliste, la tragique grandeur qui imprègnent l'oeuvre dès la première image et sans aucun temps mort jusqu'à la dernière: les charges de cavalerie, tant anglaises, françaises que polonaises, sont simplement inoubliables; la scène de bal à Bruxelles est splendide. Les adieux de Fontainebleau, la rencontre du maigre bataillon napoléonien et des troupes royales à Laffrey, l'arrivée triomphale à Paris, la dernière marche en avant de la Garde impériale, que de moments forts du 7e Art...
Les acteurs sont excellents, Rod Steiger, Christopher Plummer inoubliables, mais aussi Jack Hawkins, Dan O'Herlihy, Orson Welles... tous les participants de ce film génial et injustement boudé par le public de l'époque.
Un seul regret peut-être: que Bondarchuk n'ait pas suffisamment montré l'élan populaire qui a ramené Napoléon au pouvoir, pour l'abandonner tout aussi vite après la désastreuse saignée.