Ce n’est que sur des petits rien qu’une histoire se créée et se défait.

Certains diront que c'est le destin, car ce n'est probablement pas par hasard que les deux principaux protagonistes ratent le dernier train pour regagner leurs pénates. Sans possibilité de rentrer et plutôt que partir chacun de leur côté, ces deux jeunes inconnus passent la soirée ensemble dans un karaoké. Ils se rendent compte que beaucoup de similarités les rassemblent: la vingtaine tous les deux, ils apprécient les même livres et musique: ils devaient d'ailleurs se rendre au même concert qu'ils ont raté la veille. De manière poétique le ticket de concert raté était en réalité "le ticket de leur rencontre".

Ils décident alors de se revoir. Petit à petit nait un amour que ces deux introvertis n'osaient imaginer. Dans la solitude de leur vie quelle joie de reconnaitre une âme sœur! Le film dresse avec brio tout le charme d'une romance de jeunesse faite de complicité et de simplicité.

A l'âge béni où les soucis du monde s'effacent, ce n'est pas ce quarantenaire bougon critiquant leur manière d'écouter la musique à deux, chacun avec un écouteur à l'oreille, qui arrêtera leur idylle: la qualité du son stéréo n'a que peu d'importance. Tout est beau et tout est bien en ce temps là, les rencontres sont magiques: une banale serveuse devenant ainsi une célèbre chanteuse.

Nous suivons alors ce couple grandir, d'étudiants il deviennent jeune travailleurs, ils décident ainsi de s'installer ensemble. Heureusement, les parents aident ce jeune couple, mais il n'est pas simple pour le jeune homme de trouver un travail. S'il parvient à vendre ses dessins, il doit se plier à son seul client et baisser ses prix de ventes. Vient alors la période des renoncements, car il faut bien se plier à la rigueur économique, mettre du beurre dans les épinards et troquer petit à petit ses baskets blanches contre des chaussures noires. Subtilement mais inéluctablement les chemins de la jeune femme et du jeune homme se séparent, la culture devient secondaire et sans culture commune, ni temps de partage que devient le couple? De quoi discuter? Plus de communauté de l'esprit, il deviennent alors des âmes solitaires. Par raison chacun décide de se séparer. Cependant, quand vient la discussion fatidique, l'homme résiste, il essaye de proposer une nouvelle voie: un mariage. Ce sont les derniers soubresauts d'une relation déjà morte: il est trop tard, leur relation n'est plus au diapason, leur esprit ne vibre plus des mêmes passions.

Des années plus tard ils se recroisent par hasard, chacun a refait sa vie et pense avec mélancolie et douceur à ces beaux moments passés ensemble.

C'est la vie dirons-nous.

La vie délicatement mise en image par le réalisateur Nobihuro Doi. A la manière de Jean-Pierre Jeunet dans Amélie Poulain, il a parfaitement su distiller ces petits rien qui font tout dans ce long métrage plein de charme. Le jeu tout en subtilité des acteurs Kasumi Arimura et Masaki Suda y est aussi pour beaucoup.

Un ami chinois écrivant sur l'amour m'avait recommandé ce film, ce fût décidemment un très bon conseil.

rafiki44
9
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le 30 déc. 2024

Modifiée

le 10 janv. 2025

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