Puisant sa source dans la paranoïa du Satanisme au cœur des États-Unis, ‘’We Summon the Darkness’’ se déroule ainsi en 1988, au pic de la ‘’Satanic Panic’’. Trois jeunes femmes métaleuses se rendent à un concert de Heavy Metal qui ne cesse de chanter ‘’The Devil, the Devil, the Devil’’, histoire de bien insister, au cas où on aurait mal compris, que ce film parle de Satanisme.
Alors que l’actualité est tournée vers une série de meurtres rituels, perpétré par un culte de Satan, la jeunesse ne semble pas trop être concernés, puisqu’ils bravent cette actu, et se réunissent entre amateurs de musiques extrêmes. Les trois amies rencontre trois type, qui les dragouillent un petit peu, ça match, et elles décident de les ramener chez une des trois, pour continuer la soirée.
Tout de suite, ce qui dérange le plus dans ce film de Marc Meyers est la reconstitution des années 1980. L’interprétation des comédien.nes n’est pas du tout raccord avec les attitudes de personnes vivant réellement dans les années 1980. Que ce soit dans leur attitude, leur style vestimentaire, leur tête, rien ne donne jamais l’impression se retrouver dans les eighties. C’est là le point faible principal du métrage.
Le second est qu’il met une plombe à commencer… La séquence ou ils se rencontre sur le parking du concert, dure très longtemps, elle est peu intéressante, et c’est gênant plus qu’autre chose. Encore que peut-être c’est volonté de faire ressentir le malaise au public. Souffrant un peu du syndrome ‘’Hostel’’, avec toute une première partie concernant uniquement la présentation des personnages, un peu trop stéréotypés d’ailleurs pour qu’on les prenne en empathie.
Il est difficile de comprendre les enjeux, qui sont assez peu clairs. Tout comme le propos globalement confus, qui tente de moquer un petit peu la radicalisation, avec un taquet à l’Église, et l’interprétation des médias face au sujet. Ce qui malheureusement peu développé. En fin de compte ‘’We Summon the Darkness’’ peine à s’écarter de son intrigue principale, ne tournant qu’autour de son concept pendant tout la durée du film. Celà créé une certaine frustration, car ça promettait plus que ce résultat en demi-teinte.
Le film essaye également d’inscrire son visuel en s’inspirant de la nature underground du métal. Empruntant aux imageries satanistes de groupes de l’époque, comme les débuts de Slayer, l’arrivée de Bathory, qui eut une influence sur le Black Metal, qui en 1988 est encore embryonnaire, mais sur le point d’être ‘’popularisé’’. Le problème est que cette imagerie correspond peu aux personnages, et même au style de musique qu’ils écoutent.
Au concert, d’un groupe fictif au nom de ‘’The Soldiers of Satan’’, où certain portent des T-Shirt d’Anthrax, Twisted Sister, quand les protagonistes ont un débat sur Metallica et Megadeth. Voilà un extrait de monologue du personnage ‘’rigolo’’ de la bande :
‘’[…] Twisted Sister, fucking Môtley Crüe, fucking Metallica, fucking Slayer…’’
Ça balance ainsi, ici et là, des références à la pelle. Le scénario semble alors avoir été écrit par des personnages totalement étrangères au monde du métal, mettant un peu tous les groupes à l’imagerie plus ou moins Sataniste, dans le même panier. Sans évoquer les bands de l’époque qui l’étaient vraiment.
Pour ce qui est du reste, c’est un petit film d’horreur honnête, qui se regarde assez facilement, parvenant même à être drôle, à défaut de faire vraiment peur. Des raccourcis sont parfois un trop voyants, et il manque une vraie volonté de raconter autre chose qu’une variation de Home Invasion. Pour exemple, un des personnages subit une attaque impressionnante, sans décéder, sauf qu’il/elle ne revient pas par la suite, et disparaît brutalement du récit.
Sans être vraiment gore, le métrage est assez sanglant, avec des meurtres où des tentatives de meurtres, qui font penser un peu au Slasher. Car le film se présente un petit peu comme un patchwork, à la croisée de plusieurs genres. Il y a le ‘’Cult Movie’’, le ‘’Home Invasion’’, le ‘’Survival’’, et donc le ‘’Sasher’’ qui occupe la majeure partie de l’intrigue.
C’est plutôt là une bonne idée car ça permet au récit d’évoluer, ce qui rend le visionnage assez fluide, et surtout inattendu. Même si certains clichés sont bien présents, et qu’il est aisé de repérer de nombreux retournements de situations à l’avance, le film en propose plusieurs. De ce côté-là il est difficile de faire la fine bouche, ou de lui reprocher un manque de générosité. Il en est rempli, et ça marche plutôt bien.
‘’We Summon the Darkness’’ est à regarder comme ce qu’il est, une production horrifique bis. Qui ne prétend pas être autre chose. Le délire est assumé, et c’est plutôt amusant à suivre, vraiment. Après en comparaison avec d’autre productions du genre, c’est qu’il manque d’une véritable identité qui aurait pu en faire un incontournable.
En résulte un métrage fun, sans prétentions autres que de divertir, ce qui est à la fois sa grande qualité, mais paradoxalement aussi son gros défaut. Puisqu’il ne se permet jamais d’audaces, et malgré une mise en scène plutôt réussie, il manque de réelles surprises, bloqué en toute rigidité dans son synopsis de base. Dommage.
-Stork._