Deux hommes, une rencontre, une histoire simple, presque rien. Weekend s'applique à montrer ce presque rien, qui, associé à d'autres presque rien, fait la vie, l'amour, les relations entre les êtres.
Sur le papier, c'est simple, à l'écran c'est subtil. Comment montrer la rencontre, les premiers échanges, les premières complicités, les premières différences ? Si le film s'applique à raconter cette histoire d'amour naissance entre deux hommes, il aurait pu adopter le même point de vue pour n'importe quelle rencontre. Mais il s'agit de deux hommes.
Les comédiens qui interprètent Glen et Russ sont très bons. Au service d'une mise en scène discrète, ils nous font partager ces deux jours de découverte avec un naturel confondant. Les premières questions posées, les premières confidences, les mensonges peut-être, la manière qu'a chacun de se montrer, peut-être meilleur qu'il n'est en réalité, ou différent, se percevant singulier dans le regard de l'autre, le regard sur la sexualité, toute cette construction complexe et nouvelle, que chacun découvre à chaque seconde, la richesse de l'échange, tout cela construit un film profondément touchant, grave ou léger, jamais austère, toujours en mouvements, un film qui montre ces hommes tels qu'ils sont, sans fausse érotisation (des vrais mecs de la vraie vie avec des poils !).
La question de l'identification est posée par le personnage de Glen. Elle se pose également au spectateur. Abordée avec justesse par le personnage de fiction, elle s'illustre avec évidence dans ce film intelligent et plein de nuances. Car se pose toujours en filigrane la question d'être gay dans un monde qui ne l'est pas. L'histoire de chaque homosexuel se confronte forcément à ça. Chacun se construit dans ce contexte, et la rencontre de deux hommes (ou de deux femmes) s'en nourrit nécessairement.
Mine de rien donc, par le souci du détail le plus infime, le film d'Andrew Haigh touche à l'universel. Et donc nous touche direct.