C'est clairement le plus perché mais aussi le plus amusant des films de mon presque homonyme que j'ai vu jusqu'à maintenant.
Mais c'est aussi un peu bancal, et vu que j'ai fait mes devoirs, ça s'explique par la position de ce film dans la filmo du franco-suisse. Arrivant après Pierrot le Fou, Le Mépris et tous les films qui ont fait de lui une icône (on retrouve d'ailleurs pas mal du jeu sur les couleurs primaires de ces films), Week-End est un film de sale gosse qui casse son jouet. Il le casse dans la forme, en limitant sa mise en scène à de long plans larges (et en jouant, comme toujours, avec les mots et les cartons), et en ne racontant finalement pas grand chose, et pas grand chose de cohérent ou de réaliste. Il le casse aussi dans le fond, en montrant des personnages cyniques au sein d'une société devenu inhumaine, ce que Godard amène par l'image même de cette société moderne: la bagnole. Le film annonce en ce sens autant le Trafic de Tati que le Crash de Cronenberg, voire même Mad Max. Et il le casse en faisant tout pour énerver la censure, en mettant une scène où Mireille Darc raconte une orgie, en foutant du sang, des morts gratuites, du cannibalisme et des jurons partout.
Et puis il y a ce qui est déjà la suite de son cinéma, influencé par le mood maoïste de l'époque, mais avec un étrange double discours. Parce qu'autant Godard fustige le monde capitaliste et fait du militantiste révolutionnaire (via une trop longue séquence parlant -assez pertinemment ceci dit- des anciennes colonies), autant il moque aussi les révolutionnaires via ce Front de Libération de la Seine et Oise, groupe de hippies en arme aussi violents que cons.
Bref, c'est parfois abscons, parfois drôle, absurde et acerbe, et plus que les autres films que j'ai cité, et au-delà de ce que le film a de purement godardien, c'est au Bunuel de la même époque que le film fait penser. Bref, étrange mais vachement bien.