Un film de guerre puissant dans sa sobriété

Difficile de ne pas croire que Christopher Nolan n'ait pas été inspiré par Week-end à Zuydcoote quand le titre anglais du film est Week end in Dunkirk.Passée cette petite anecdote,rendons hommage à Henri Verneuil pour ce film multiple.Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est la façon dont le cinéaste raconte cet épisode alors méconnu de la deuxième guerre mondiale.A travers les yeux du personnage de Julien Maillat,le spectateur découvre l'étau de cette plage et la difficulté d'y survivre au jour le jour.Ce sergent enjoué,refusant de flancher va aussi se transformer suite à certaines rencontres douloureuses.Le génie du réalisateur,c'est de faire comprendre à travers des épisodes de vie simples,où l'angoisse des bombardements impromptus de l'armée allemande est permanente, que la vie peut basculer pour des civils ou des militaires au mauvais endroit au mauvais moment.Meme s'il y a des explosions,des balles qui fusent, la musique de Maurice Jarre ou les visages des personnages du film sont parfois plus éloquents. En rendant un film puissant dans sa sobriété,Verneuil trouve cette juste tonalité et aucune longueur ne touche l'ensemble.Remarquable pour un film de guerre.Au niveau interprétation,Jean Paul Belmondo joue sur tous les registres,du déconneur à l'homme blessé,et est bien épaulé par une galerie de seconds rôles aux petits oignons (Marielle,François Perier,Pierre Mondy entre autres). Le seul bémol,c'est Catherine Spaak, qui agace plus qu'elle ne marque.On a du mal à croire à ce rapprochement entre cette jeune femme capricieuse et ce soldat qui ne s'en laisse pas conter. L'incongruité de la guerre n'expliquant pas tout. Le dernier quart d'heure du film hésite à trancher et c'est habile.Comme pour suggérer que tout aurait pu arriver.En choisissant la tragédie, Verneuil épouse le climat de l'époque et refuse le happy-end qu'on lui aurait reproché.Le tact ultime pour faire de Week-end à Zuydcoote un film aucunement caricatural.

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le 4 sept. 2017

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