Avant de rentrer dans les détails, je dois dire que je n'ai pas envie d'être trop dur avec le film/jeu de Simon Bouisson car je salue le concept, le parti pris et l'audace.
Je ne vais pas cracher dans la soupe. Quand un réal français se lance dans un concept novateur (soutenue par france télé qui plus est), on est en droit de se féliciter.
Mais comment reprendre à son compte le concept jeu/film interactif, démocratisé dans les années 90 avec l’apparition du Laserdisc, sans les fameux QTE de rigueur ?
Globalement, le film est visuellement de très bonne qualité et le "foundfootage", pour une fois, apporte réellement quelque chose à l'histoire (mais surtout est justifié !). J'ai été également surpris par la qualité de l'interprétation des acteurs. Bref, rien à redire coté technique, c'est de l'excellent boulot et la performance est à saluer.
Mais j'aimerais bien savoir comment le réalisateur souhaitait (dans l'idéal) que l'on s'approprie son film.
Car il me semble qu'il y a deux types de visionnage, et dans les deux cas, le concept ne fonctionne malheureusement pas totalement.
De deux choses l'une,
- Soit on opte pour un visionnage d'une traite en zappant au petit bonheur la chance entre les différents point de vue :
Cette version moyen métrage de 45 min joue à fond la carte de l’interactivité. On s'amuse à zapper de point de vue en point de vue, on essaye de se prendre pour un réalisateur sportif en choisissant le meilleur plan, bref c'est fun...
Mais globalement avec cette solution, on rate des choses, voir même votre histoire n'a pas beaucoup de sens. On manque des dialogues importants, on finit par sortir un peu de la narration et cette version implique certainement de le revisionner plusieurs fois. Clairement, pour ma part, j'ai renoncé au bout de 5min (car bien trop frustrant)
Avec une autre structure, ceci aurait pu vraiment fonctionner. Un moniteur ouvert en live sur l'ensemble des points de vues en parallèle par exemple (plutôt que cette "Timeline" originale mais inadaptée) toujours en laissant la possibilité de changer d'axe évidemment mais surtout, avec une histoire recentrée sur la trame principale.
Car évidemment, il se passe de nombreux événements pendant ce week-end d'intégration mais la majorité de ce qui se passe n'a malheureusement aucune incidence sur l'histoire, voir pire, ne permet pas une meilleure compréhension de l'ensemble. Pas désagréable à regarder mais un peu vain...
- Soit on le visionne par petite tranche en "rembobinant" et en scrutant chaque point de vue :
Cette version, qui fait grimper le temps de visionnage à 2h environ, joue à fond le principe de l'enquête policière. Au cinéma, ce concept à été popularisé avec le film Rashomon mais on a pu le retrouver plus récemment dans Snake Eyes ou Angles d'attaque. Chaque point de vue doit permettre de mettre en perspective ce que l'on a déjà visionné (apportant des compléments à l'histoire) et doit aboutir à la résolution de l’énigme.
Le court métrage étant découpé en plusieurs tranches horaire, ce type de visionnage (que j'ai très rapidement adopté donc) est grandement facilité. Sauf que, pour être honnête, il ne fonctionne pas vraiment non plus. Les personnages secondaires et leurs histoires, sont certes intéressantes, mais n'impactent en rien sur la trame principale.
Avec le recul, en choisissant bien deux ou trois axes au maximum (sur la dizaine proposée), l'histoire est parfaitement compréhensible. Pire, certains pans de l'histoire ne semblent exister qu'afin de brouiller les pistes, voir même, de densifier l'histoire artificiellement et n'ont bizarrement aucune résolution. On reste donc avec un petit gout d'inachevé et c'est bien dommage.
La multiplication des enjeux dans une narration traditionnelle n'est pas un problème en soi mais, ici, le concept même imposait une structure, une progression et une résolution plus travaillées.
Frustrant,