Dernièrement, j'ai beaucoup pensé au cinéma de Reichardt et surtout à ce qu'il me procure dans les moments difficiles.
L'idée de "confort film" est souvent utilisée pour caractériser certaines (toutes?) productions de KR. Toutefois, il n'y a pas grand chose d'autre que sa mise en scène qui est confortable. Les personnages de son cinéma déambules souvent dans des conditions précaires, provenant de situations sociales et économiques délicates. On peut, légitimement, se sentir mal à l'aise lorsque nous posons notre regard de spectateurs sur ces âmes battues.
Mais...
Il n'y a rien qui m'empêchera, même si la situation est terrible, d'espérer que le couloir de la fourrière soit infini. Que si il faut y voir des centaines, des milliers de chiens perdus et abandonnés pour y retrouver, au détour d'une des parois, la bouille pleine d'enthousiasme de Lucy, alors il le faut.
Si il faut voir Lucy épanouie au sein du jardin d'un inconnu, pour ressentir le regard plein d'amour et de détresse de Wendy à travers un grillage, alors il le faut.
Donc ouste les règles esthétiques disant que l'art n'est pas un doudou. Je suis amoureux de la tendresse, même déchirante, que je vois et qui résonne en moi lorsque la caméra de Kelly Reichardt opère. Cet amour transcende tout et je me sentirais toujours à l'abri sous sa tutelle.