Si vous êtes né au plus tard au début des années 1980 (ou si vous êtes un fan de Pearl Jam), vous avez probablement dû entendre parler de cette histoire sordide des "Trois de Memphis". En 1993, trois jeunes enfants de 8 ans ont été retrouvé morts battus et noyés à West Memphis. Trois jeunes sont alors suspectés du meurtre et incarcérés à perpétuité. Mais si cette affaire à fait grand bruit ce n'est pas seulement pour ces meurtres absolument sordides mais aussi pour toute la controverse qu'il y a eu autour du procès.
En effet, suite à ça, trois jeunes ont été incarcérés, tout trois étant, disons, les "freaks" de leur village. Mais il s'est avéré au fur et à mesure des années qu'ils n'y étaient pour rien, malgré leurs aveux, forcés. Le procès de ces trois jeunes a été filmé par HBO pour sortir Paradise Lost : The Child Murders at Robin Hood Hills puis deux suites, Paradise Lost 2 : Purgatory (qui faisait le point sur les nouvelles preuves et remettaient en cause le jugement) et Paradise Lost 3 : Purgatory (qui exploraient les autres pistes).
S'en est d'ailleurs suivi un véritable mouvement de solidarité pour ces jeunes, mené par Eddie Vedder, chanteur à succès de Pearl Jam, qui a d'ailleurs écrit plusieurs chansons autour de cette histoire (Satellite) et accompagné d'autres personnalités telles que Johnny Depp, Marilyn Manson, Nick Cave, Bob Dylan Patti Smith ou encore Peter Jackson.
Et c'est grâce à ce dernier que West of Memphis a pu voir le jour puisque c'est lui qui en est le producteur du documentaire réalisé par Amy J.Berg, nominée aux Oscars pour un autre film-doc intitulé "Délivrez-nous du mal" (sur un prêtre pédophile et comment l'Eglise catholique a préféré se taire). Elle n'en est donc pas à son premier coup et choisit, comme pour son premier sujet , d'adopter un point de vue très linéaire et assez particulier.
En effet, elle nous met à disposition les éléments de l'enquête dans un ordre chronologique, obligeant ainsi le spectateur à juger de la même façon qu'il y a 20 ans. On se confrontera donc dans un premier temps à cette horreur (les images n'y vont pas non plus de main morte) tout en prenant parti du côté de la justice. Agrémenté d'extraits des différents Paradise Lost, mais également d'interviews d'Eddie Vedder et de témoignages de l'entourage, voisins et familles, on s'éloignera au fur et à mesure de la piste des trois tueurs, notre "haine" se transformant alors en sympathie et pitié pour les trois accusés. La dernière heure se focalisera alors sur le dernier (et qui semble être le vrai coupable) suspect de l'histoire : le beau-père d'un des trois enfants, recroisant alors toutes les investigations pour mieux l'accabler.
Mais si les preuves s'avèrent évidentes devant nos yeux, elles ne le sont pas forcément devant la justice.
Si la réalisatrice prend parti et aide le spectateur à faire de même, elle ne dénonce pas mais dresse surtout un constat, point de vue étrange et forcément discutable mais défendable puisqu'elle ne va pas dans l'excès (comme peut le faire Michael Moore).
Le constat sert finalement à dénoncer suffisamment. S'il y a quelques longueurs, on suit avec passion et effroi cette histoire hallucinante mais on restera néanmoins sur notre faim puisque le jugement n'est toujours pas -à l'heure actuelle- porté et le véritable assassin trouvé. Ça n'en reste pas moins un documentaire passionnant autour d'une histoire aussi poignante qu'hallucinante.
Bouleversant et effrayant, c'est au moins à voir une fois dans sa vie.