Un fait divers. Une erreur judiciaire. Un combat qui dure 20 ans. Voici le docu-fiction. Ce qui est raconté ici, est tellement fort, qu’on se dit qu’un vrai film de fiction, serait bien pauvre à côté. Trois ados sont accusés d’un triple meurtre horrible. Trois enfants ont étés tués, et torturés. Trois ados sont accusés de meurtre. A voir leurs têtes dans le tribunal, on jurerait des coupables. Têtes baissées, tee shirt METTALICA, livre de magie noire trouvé chez le meneur de la bande, un petit rebelle, les deux autres sont sans alibi... C’est un crime satanique. En deux temps trois mouvements, il est envoyé à la chambre à gaz, et les autres cumulent au moins 150 ans de prison. Et là, intervient le charity business américain. Des stars s’en mêlent, des avocats, des anonymes, la société civile. Les trois de Memphis comme on les appelle sont innocents. Les autres se basent sur quoi pour dire ça ? Le doute est entretenu parce que le procès a été largement bâclé. Des aveux, tirés on ne sait trop dans qu’elles conditions. Les accusés sont des pauvres, la white trash, ils ont étés sacrifiés sur l’autel de la souffrance de la communauté. L’un des trois gars est un peu débile mental. Le doute finit par s’installer. Le sujet est brûlant, vrai à 100%, et c’est sans doute pour ça que ce n’est pas terrible visuellement. Pas besoin de faire joli. Des longs travellings sur les maisons de la banlieue, sur le lever du soleil, (le soleil va peut-être se lever aussi pour nos trois détenus ?), des images d’archives, des coupures de presse, une succession d’opinions à l’écran, d’indices qui se succèdent. Des retours fréquents sur la mare où on a retrouvé les trois petites victimes, (un peu facile ce plan). Tout pour nous en mettre plein la vue, ça défile comme dans un dossier à l’écran. Mais…
Le plus impressionnant dans ce genre de documentaire c’est autre chose, c’est la tragédie qui se joue en sous-main. On se rend compte soudain, que le gamin qu’on voyait dans le tribunal, au début, c’est un adulte. Un homme qui lui ressemble de loin, et qui attend toujours son exécution. Et ça, ça fait froid dans le dos ! 18 ans de prison ! Aucun retour en arrière possible pour arranger la situation. Ce n’est plus une fiction, on est dans la réalité, et c’est brutal. C’est peut-être pour ça que le fait que ce ne soit pas terrible plastiquement, on peut comprendre. Cela fait 18 ans, putain ! Une bonne partie de sa vie. Et s’il était innocent ? Et soudain je suis convaincu moi aussi, qu’il y a erreur judiciaire. Des experts ont repris le dossier en main, et c’est affolant. Ils le démontent pièce par pièce. Faux témoignages, aveux extorqués, enquête bâclée, preuves falsifiées. Aucune preuve en fait. Trois ados ados condamnés sans aucune preuve ! Ça fait peur. La bêtise humaine, et une pierre de plus à l’édifice, une folie de plus. Un élément nouveau est rajouté au dossier, dans un coup de théâtre digne de Zodiac de Fincher ; sauf que dans Zodiac, on ne sait toujours pas qui est le coupable. Là, on semble tenir le vrai coupable, qui est miraculeusement passé entre les mailles du filet, à l’époque, alors qu’une vérification de routine l’aurait fait tomber. Et le gars refuse le test ADN (qui n’existait pas au moment du crime). Le test, le gars pisse dessus, il sait qu’il a gagné. Le crime date de 20 ans maintenant. Il y a prescription, grâce à l’incompétence des enquêteurs, la complicité de la population, et la lenteur aveugle de la JVSTICE ?
Ce film est à voir, ne serait-ce que pour le coup de théâtre qui relance l’intérêt du docu, même si il est quand même traité de façon très manichéenne, ce retournement. On le présente comme un manipulateur, le gars, pour le charger, on le présente comme un vrai méchant de cinéma, alors que ce n’est pas vraiment du cinéma, que l’on a là. Tout est gris, moins en noir et blanc. Et puis les vrais responsables se sont les autres, pas lui.