Si on ne le sait pas encore, WST est une adaptation moderne de la pièce de William Shakespeare "Romeo & Juliet".
De part sa musique totalement extraordinaire et quelques moments de bravoure, il a gagné un statut culte en même temps que 10 oscars.
Cependant, ce musical de bonne facture n'est pas à mettre au panthéon du cinéma, si ce n'est du genre, en ce qui me concerne même s'il y a un sacré bon paquet de numéros géniaux.
Mais justement, les éclairs de génie sont trop sporadiques et certaines faiblesses sont trop importantes pour être ignorées.
Côté scènes "classiques", la réalisation n'est pas au niveau de ce que peut faire Wise en temps normal (attention un Robert Wise moyen est encore bien meilleur que d'autres, mais la mise en scène manque de punch) alors que Jerome Robbins fait un boulot de premier ordre avec les scènes musicales, et les 2 acteurs principaux sont totalement mal castés. Quant au scénario, rien de nouveau sous le soleil avec cette histoire d'amour en accéléré ("Roméo et Juliet" ne m'a jamais convaincu niveau histoire).
Néanmoins, malgré ces inconvénients, le film trouve sa rédemption dans quelques scènes clés qui le hissent au rang des films à voir.
La scène d'ouverture mérite à elle toute seule tous les oscars reçus et le statut culte du film : une pure merveille. L'affrontement silencieux des Sharks et des Jets dans les rues de l'Upper West Side de NY pose en quelques instants et sans une parole les bases de notre histoire, celle d'une adolescence à la dérive qui n'a rien de mieux à faire que se battre dans un monde où le racisme et le communautarisme sont la norme et ce dans l'indifférence générale. En cela, la transposition de la pièce est impeccable. En effet, seule cette opposition de gangs peut faire un écho réaliste à l'opposition familiale dans la pièce : une opposition sans fondement mais viscérale (Baz Lurhmann ne s'y trompera pas).
Le mambo de la scène du bal est aussi d'une grande beauté visuelle et traduit à merveille l'aspect féérique (factice à mon avis) de la rencontre et de la connexion des 2 héros principaux.
Il faut également mentionner la très dynamique scène sur le toit où nos jeunes portoricains s'opposent sur le très efficace "America" ou bien le duel entre Riff et Bernardo puis Tony et Bernardo d'une grande intensité et violence.
Malheureusement, les scènes classiques n'ont pas le même impact que les scènes musicales et l'intensité du film en devient inégale.
Chaque scène musicale (chantée ou dansée) est un moment clé de l'histoire et c'est à mettre au crédit du film car elles en deviennent indispensables. Le propos social et la fusion des scènes musicales à la trame de l'histoire sont ce qui fait qu'il faut avoir vu ce film. C'est une des rares comédies musicales où l'élément musical est primordial. On pourrait presque couper tout le reste et le film serait encore compréhensible. Elles correspondent d'ailleurs aux scènes clefs de la pièce d'origine : l'affrontement, le bal, le balcon, le mariage, etc....
La musique et le livret sont également de toute première catégorie et les chansons ont passé le test du temps. "Maria" et "Tonight" font partie des plus belles chansons (d'amour ou pas) du répertoire. La musique de Bernstein fait partie des plus grandes musiques de film jamais écrites, sans aucun doute.
Côté casting, les seconds rôles volent totalement la vedette aux deux premiers.
Russ Tamblyn, George Shakiris et Rita Moreno crèvent l'écran et composent des personnages d'une belle complexité. Les 2 derniers ont d'ailleurs été récompensés par un oscar bien mérité.
Certes ces rôles sont bien plus intéressants que ceux des 2 amoureux et ce n'est pas juste mais le problème au niveau de Tony et Maria se situe au niveau du casting.
Nathalie Wood n'est pas une moule, loin de là, mais elle ne convient pas du tout pour le rôle. Entre un accent factice épouvantable et une terracota appliquée à la truelle, elle donne là l'une de ses plus mauvaises performances : très ampoulée, handicapée côté diction, presque sans âme. Elle se rattrape cependant dans la dernière scène d'une grande intensité où d'ailleurs, son accent tend à disparaitre tant elle est dans sa performance, et c'est une bonne chose.
Quant au pauvre Richard Beimer, il a le charisme d'une endive et n'aide pas Wood a sortir de la zone d'alerte de mort cérébrale !
C'est la faiblesse du film avec ce coup de foudre immédiat inhérent à l'histoire. Et malheureusement, on passe beaucoup de temps avec ces 2 flétans.
J'ai conscience d'être, peut-être, dure dans ma notation avec un film qui est bien loin d'être catastrophique. Ses qualités sont indéniables mais ses faiblesses également et malheureusement l'équilibre n'est pas à l'avantage des coups de génie.