Voici la formidable tragédie "Roméo et Juliette" de William Shakespeare adaptée dans le cadre se l' Amérique contemporaine . L'action se déroule dans les faubourgs de New York, le "West Side", où des petits délinquants vivent en bandes. Le clan des "Jets" emmené par Riff ne supporte pas l'arrivée dans leur quartier le clan des "Sharks", une autre bande du secteur, d'origine portoricaine et dirigée par Bernardo. Entre les deux bandes, les provocations sont journalières et les affrontements se succèdent. Dans ce contexte mouvementé, Maria, la sœur de Bernardo tombe amoureuse de Tony, un ancien de la bande des "Jets" au cours d'un bal, et cela, malgré la réprobation de son entourage familial. C'est alors le début d'une l'histoire d'amour impossible et dramatique.
Cette œuvre est certainement l'une des plus grandes réussites du cinéma mondial et le fleuron du genre de la "Comédie Musicale". Tout démarre très vite. Dès les premières images, nous pénétrons au sein des clans rivaux : claquements de doigts, attitude de défiance et ballets prodigieux dans les rues de "West Side". Puis vient se greffer la liaison passionnée de Maria, la jolie portoricaine avec Tony, repenti des "Jets". Pendant ce temps, malgré ce message de paix et d'amour, la lutte entre les deux bandes se poursuit et s'amplifie jusqu'au drame.
On ne peut s'empêcher d'émettre, devant une telle situation, un rapport avec les évènements qui se déroulent régulièrement dans nos quartiers défavorisés. Déjà, dans l'Amérique de l'époque, la société de consommation, le chômage et la ségrégation étaient quelques uns des éléments qui conduisirent une certaine jeunesse en difficulté à se marginaliser. La situation a guère évoluée, l'horizon reste bouché pour beaucoup et ce drame réalisé en 1961 était un film précurseur. Il sonnait déjà comme un avertissement que notre société n'a pas voulu entendre sérieusement.
La guerre des bandes transposée en merveilleux ballets réglés par Jérôme Robbins sont des morceaux d'anthologie. Pour cela, ils sont magnifiés par la mise en scène efficace et somptueuse de Robert Wise. Mais il ne faut surtout pas oublier le clou de cette réalisation: la fameuse musique du fabuleux Léonard Bernstein qui contribue grandement à exacerber les sentiments tout au long de cette œuvre emblématique.
Souvenez-vous de certains airs : "Maria", "América", "Tonight" et bien d'autres encore...Ne vous ont-ils pas émus parfois jusqu'aux larmes?
C'est vrai, tout y est dans cette réalisation grandiose: la fabuleuse musique ponctuée d'émouvantes mélodies, les danses trépidantes et hautes en couleurs, le thème toujours et malheureusement d'actualité, les divers sentiments qu'ils soient d'amour, d'espoir, de violence ou de racisme.
Pour en arriver à une telle osmose, il fallait une interprétation sur mesure. Robert Wise et Jérôme Robbins ont eu la main heureuse avec Natalie Wood : la pure et ravissante Maria, Richard Beymer : idéaliste et amoureux infortuné, Russ Tamblyn et George Chakiris : les chefs de bandes et danseurs émérites, sans oublier Rita Moréno : la sœur de Maria, réaliste et fataliste, en fait, la distribution idéale...
Cette réalisation n'a pas pris une ride. Elle se regarde toujours avec autant de plaisir, d'émerveillement et d'émotion. Pour moi, c'est le plus grand film jamais réalisé dans ce genre difficile qu'il ne faut rater sous aucun prétexte. D'ailleurs à mon avis cette œuvre se doit de rejoindre mon "Top 10" sans aucune hésitation.
- Cette œuvre a été récompensée par dix Oscars dont celui du meilleur film de l'année 1961.
Si vous désirez que cette merveilleuse musique reste à jamais gravée dans votre mémoire, je ne peux que vous conseiller le fameux enregistrement CD édité sous le label "CBS série "Maestro" : "West Side Story: Symphonic Danses", interprété par le New York Pilharmonic et dirigé par Léonard Bernstein lui-même.