Considéré comme l’un des piliers de la comédie musicale américaine, classique du genre et film à 10 Oscars, il m’aura fallu du temps pour m’atteler à WSS. N’étant pas trop fan du genre, et pas spécialement un aficionado de Roméo et Juliette, je n’avais finalement pas beaucoup d’attente sur ce film, et du coup il n’y a pas eu de véritable déception. Effectivement, ce film est une véritable fresque, mêlant très astucieusement le cinéma, l’opéra, le théâtre et donc la comédie musicale. Si l’histoire m’a laissé un peu de marbre dans l’ensemble, je l’ai trouvé très bien rythmé et très bien dosé. Ça se construit lentement, mais sans précipitation, ce qui rend du coup l’ensemble plutôt fluide. Et j’ai bien aimé le parti pris de cette transposition de l’archétype de l’amour interdit dans le New York des années 50, même si c’est vrai que ça sonne un peu creux par moment. Tous les personnages sont attachants, et apportent quelques choses à l’histoire. Et le final notamment et plutôt bien amené et peut surprendre du coup.
Sur l’aspect même de la comédie musicale, je dois avouer que j’ai été plutôt surpris. J’ai adoré la première scène, qui sans parole, nous présente les différents personnages en utilisant simplement la musique comme moyen d’expression. Alors certes, l’aspect dansant fait que tous les mouvements sont exagérés, mais je trouve que la chorégraphie réussit justement à donner à l’ensemble une certaine fluidité dans l’action, même si les coupes s’accompagnent souvent de faux-raccord. Mais voilà, l’équilibre entre chansons et intrigue et très bien dosé, si bien que les premières font avancés au final la seconde, qui introduit naturellement les premières. Comme une sorte de cycle qui rend le tout agréable à suivre. Bon après, c’est vrai que certaines paroles de chansons laissent un peu dubitatif, mais l’ensemble fonctionne très bien donc on ne fait pas vraiment attention.
Sur le casting, c’est difficile de critiquer quand on voit l’énorme travail effectué lors des chansons, tellement tout est réglé comme une horloge (à se demande qui est acteurs et qui est danseur).Et chose rare, on a quand même un quinté de tête purement incroyable : Rita Moreni et George Chakiris sont tout simplement bluffant dans leurs rôles d’Anita et de Bernardo, tout comme Russ Tamblyn en Riff. Mais pour ma part, c’est les performances de Natalie Wood et Richard Beymer qui m’ont le plus marqué, d’autant plus que l’alchimie entre eux fonctionne très bien.
Sur l’aspect technique, je n’ai pas grand-chose à redire. Certes, le film a quand même pas mal vieilli sur certains procédés de mises en scène (bien qu’intéressants, comme l’idée de rendre le reste du cadre flou par moment pour se centrer sur Maria et Tony), mais ça reste quand même de haute volée. J’ai beaucoup aimé les chansons (et au final, je n’en connaissais pas tant que ça, j’ai beaucoup apprécié Something’s Coming, Tonight Quintet et Gee, Officer Krupke), et les décors sont quand même fabuleux.
Bref, je ne suis décidemment pas un grand fan des comédies musicales, et il est vrai que WSS n’est pas le genre sur laquelle on reviendrait plusieurs fois. Mais dans l’ensemble, elle reste quand même pas mal et de par toute la grandeur de la fresque qu’elle décrit, on comprend pourquoi elle a autant marqué les esprits outre-Atlantique.