Que se passe-t-il lorsque l’humanité toute entière rencontre un marché libre et débridé de 45 milliards de caméras ? Plongée stupéfiante et parfois désolante de notre décadence et cette obsession pour l’image.
De la découverte de la “camera obscura” en passant par la toute première photographie de l’Histoire (en 1827 par Nicéphore Niépce), de la première image animé à la première projection publique d’une oeuvre cinématographique (en 1895 par Auguste & Louis Lumière), en passant par l’arrivée de la télévision, la création des chaînes de média (et la course au scoop), jusqu’à l’avènement d’internet, la création de la webcam (en 1991) ou encore l’arrivée massive des smartphones dans nos vies, le documentaire d’Axel Danielson & Maximilien Van Aertryck retrace 2 siècles d’histoire pour mieux montrer les mutations de notre société engendrée par la prise de vue réelle, tant en bien qu'en mal.
En dénonçant les côtés néfastes d’une telle liberté d’expression et face à un flux sans discontinuer d’images (aussi bien produites par les médias que par de simples individus), partagées sur internet et parfois même, manipulées, le duo de réalisateurs à eu l’excellente idée de tourner ça en dérision, comme pour mieux se moquer de notre société actuelle, tout en dénonçant les dérives et ce vers quoi on tend à aller.
200 ans d’histoire d’images sous toutes ses formes, synthétisés en 90min, nous rappelant les prémices de la photo, de la vidéo puis d’internet. On ne va pas se mentir, ça donne le tournis, alternant entre des grands moments historiques et l’ère du numérique où pullulent des millions de vidéos chaque seconde aussi bien sur You Tube que sur les réseaux sociaux. Le film vient nous rappeler le pouvoir de l’image (mention spéciale à la désinformation orchestrée par Daech), notamment à travers un court focus sur Leni Riefenstahl qui était la cinéaste propagandiste attitrée du IIIᵉ Reich, l’arrivée de la télévision et des chaînes privées qui trouveront leur modèle économique en nous abrutissant de publicités.
« Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible. »
(Patrick Le Lay en 2004, PDG de TF1)
Sans oublier bien évidemment, les réseaux sociaux et You Tube où quiconque peut poster des vidéos toutes plus futiles les unes que les autres (filmer son chat, se mettre en scène en train de jouer aux jeux vidéos ou en réalisant du contenu pornographique sur OnlyFan), entretenant ainsi le nivellement par le bas de notre société.
What A Fantastic Machine ! (2024) nous offre un condensé d’images assez folles et que l’on a tous déjà au moins vu une fois dans notre vie (à moins de vivre en ermite). C’est typiquement le genre de documentaire qu’il faudrait montrer dans les écoles et surtout, à la nouvelle génération, car au final, ce seront eux les prochaines victimes.
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