On continue notre exploration des films que personne ne connait mais qui valent le coup d’œil avec aujourd’hui What Keeps You Alive, survival canadien sorti en 2018. Je sais, encore un survival oui, mais que voulez-vous, il y en a beaucoup qui sortent et c’est un genre que j’apprécie particulièrement. Ce coup-ci, on retrouve Colin Minihan à la réalisation. On lui doit par exemple It Stains The Sands Red (Bloody Sand chez nous), Extraterrestrial, ou encore le found footage Grave Encounters. Un réalisateur très ancré dans le cinéma de genre horrifique et qui va nous raconter ici l’histoire d’un couple de femmes venues célébrer leur première année de mariage dans un petit paradis au milieu de nulle part, en pleine forêt, à côté d’un lac. Un séjour qui va virer au cauchemar à cause d’apparences trompeuses, où l’amour va virer à la haine dans un jeu du chat et de la souris brutal et viscéral. Un film qui risque fortement de diviser en fonction de la manière dont vous l’appréhenderez.


Commençons par les points forts de What Keeps You Alive qui eux sont indéniables. La mise en scène tout d’abord, très bonne. Visuellement très beau, filmé de manière exemplaire avec de super cadrages, des plans séquences d’une grande fluidité, et un énorme travail sur la photo, Colin Minihan nous montre l’étendue de ses talents. La direction artistique est superbe (la scène entièrement à la lumière violette, wouaouh). La gestion des différents environnements est à saluer donnant au film un côté parfois étouffant. Gros travail également sur l’ambiance musicale, minimaliste et angoissante, qui colle bien à l’ensemble avec des bruitages bien pensés, des silences pesants, accentuant ce côté pesant, nous donnant cette impression d’être vraiment au milieu de ce qu’il se passe, aux côté des actrices. Colin Minihan cherche à maintenir une tension constante et il y arrive haut la main. What Keeps You Alive est prenant, et ce malgré son rythme lent. Peu d’action, mais pourtant des moments intenses (bien que courts) même si les partis pris sont parfois surprenants (une scène d’action entièrement hors champ). Ajoutez à cela deux actrices complètement à fond dans leur rôle. L’une dans le rôle du prédateur psychologiquement instable, au visage d’ange mais terrifiante dans sa folie assumée et le plaisir qu’elle éprouve de ses actes. L’autre dans celui de la proie, perdue d’apprendre de manière si abrupte l’énorme supercherie qu’est son mariage, reprenant petit à petit le dessus lorsque l’amour se transforme en haine vengeresse. L’alchimie du duo est palpable, renforçant encore plus l’aspect viscéral de certaines scènes, donnant même presque un côté jubilatoire à cette partie de cache-cache.


Le (gros) problème, c’est que le film va abuser de bien trop de facilités scénaristiques. C’est là que la manière avec laquelle vous allez prendre le film va être importante. Nous savons tous que dans les films d’horreur, il est souvent assez facile de deviner le sort des personnages, voire carrément de deviner à l’avance les twists avec lesquels le réalisateur va essayer de nous surprendre. What Keeps You Alive ne déroge pas à cette règle. Nous savons tous que dans les films d’horreur, les personnages ont souvent des réactions complètement illogiques permettant au film de relancer sans cesse son histoire. Le problème dans What Keeps You Alive, c’est que c’est encore plus le cas que d’habitude. Pourquoi revenir dans la maison après avoir fui ? Pourquoi ne pas se cacher pour dormir ? Pourquoi ne pas achever son agresseur lorsque l’occasion se présente ? On a sans cesse l’impression que la proie se livre elle-même sur un plateau d’argent à son agresseur, donnant au film un énorme manque de crédibilité.
Si vous ne tenez pas compte de ce genre de choses, dans le sens où vous vous dites que c’est inhérent au genre, alors il y a fort à parier que vous plongiez à fond dans le film et que vous craigniez pour les personnes. Si ce genre de choses a le don de vous faire bondir de votre siège et qu’il vous arrive de vous écrier « Mais pourquoi elle fait ça !?! Mais qu’elle est conne !?! », alors il y a de grandes chances que le film vous énerve au plus haut point passé sa première demi-heure.


Si vous n’êtes pas trop tatillon sur les réactions improbables des personnages dans les films d’horreur, alors What Keeps You Alive pourrait bien vous scotcher à votre siège. Par contre, si un personnage suicidaire vous donne de l’urticaire couplé à des envies de meurtres, alors la dernière réalisation de Colin Minihan rejoindra votre liste de films vites vus vite oubliés.


Critique originale : ICI

cherycok
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le 31 janv. 2019

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