Il s’agit d’un sujet fort : le massacre de 6 Jésuites de l’université centroaméricaine José Simeón Cañas, d’une femme et de sa fillette, par l’armée salvadorienne qui maquille leur crime en assassinat par la guérilla marxiste F.M.L.N. (Front Martí pour la Libération Nationale), dans la nuit du 16 novembre 1989 ; malheureusement, le film est décevant car l’enjeu dramatique [Lucía, femme de ménage à l’université où elle loge avec son mari, Jorge, ancien boulanger et sa fillette, et qui est la seule à avoir entendu des coups de feu et vu, de nuit, les militaires quitter le site depuis la fenêtre de sa maison, est interrogée par le F.B.I. (Federal Bureau of Investigation) à Miami (sous la présidence de George W. Bush) dans un hôtel, où elle a été transférée avec sa famille, F.B.I. qui ne la croit pas et souhaite qu’elle revienne sur son témoignage] est gâché par les flash-backs nombreux entre la Floride et le Salvador. La situation d’intoxication médiatique et de manipulation d’une dictature pour accuser l’opposition de forfaits qu’elle a commis, est classique. Costa-Gavras [qui a traité de l’enlèvement d’un agent du F.B.I. par les Tupamaros en 1970 dans « Etat de siège » (1972)) aurait fait de cet événement un film plus rythmé, plus nerveux et plus didactique. On est loin également du film « Des dieux et des hommes » (2010) de Xavier Beauvois, inspiré de l’assassinat des moines de Tibhirine en Algérie en 1996. Le film a le mérite, néanmoins, de confirmer le cynisme et l’opportunisme des Etats-Unis à soutenir (à partir de l’arrivée de Ronald Reagan à la Maison Blanche en 1981) les dictatures de droite d’Amérique latine [la guerre civile salvadorienne a duré de 1980 à 1992 et a fait 100 000 morts et c’est Alfredo Burkard, membre de l’ARENA (Alliance Républicaine Nationaliste), parti conservateur proche des escadrons de la mort, qui est au pouvoir depuis le 1er juin 1989] et de montrer un fait méconnu, dans une zone sous influence hispanique, mais non expliqué (mais dû au fait que la France reconnaissait le F.M.L.N. comme force politique représentative), celui de l’implication de la France via son secrétaire d’état chargé à l’action humanitaire sous le 2e gouvernement (1988-1991) de Michel Rocard, au cours du 2nd mandat présidentiel de François Mitterrand, Bernard Kouchner.