Une étoile est née
Première mouture d'Une étoile est née. Pas mal, mais le passage du conte de fées (la petite serveuse devient star) au mélodrame n'est pas très maitrisé. Le film de Cukor est trop bavard, c'est son...
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Le sujet de cette "Rise and fall story" dans l'univers d'Hollywood est apporté par David O. Selznick, alors producteur au sein de la RKO, à George Cukor. Le metteur en scène accepte le projet avec plaisir, enthousiasmé par la possibilité de mettre en scène un personnage de jeune actrice indépendante et carriériste mais aussi de raconter les tourments d'un réalisateur au bout du rouleau. Constance Bennet incarne la pétulante Mary Evans, Lowell Sherman le désabusé Max Carey.
Ce n'est pas le premier récit hollywoodien à raconter les coulisses du métier et encore moins à glorifier le parcours exaltant d'une jeune ingénue parvenant à atteindre les plus hautes marches de la célébrité, mais il doit son originalité dans la représentation sans concession de plusieurs des travers tragiques de cette industrie. C'est bien sur le destin fatal du réalisateur qui constitue le point d'orgue du récit. Pour autant les auteurs choisissent d'aller un peu loin et de conclure le film en happy end : Mary s'est exilée en France pour fuir la pression des médias, elle y est rejointe par son ex-mari qui renouvelle sa déclaration d'amour et porte le message d'une proposition de film de la part de son producteur fétiche. Mary retrouve la joie de vivre.
Cette solution de facilité fait oublier l'amertume salvatrice de la mort de Carey. C'est lui qui rappelait les contradictions d'un univers à la fois fantasmatique et destructeur qu'est celui de l'industrie du spectacle. C'est sans doute cela qui justifia Selznick a mettre en branle un quasi-remake avec A Star Is Born, que réalisera William Wellman en 1937, qui verra cette fois la figure de l'artiste sur la pente descendante se fusionner avec celle de l'amant, et dont la disparition constituera la véritable conclusion du récit.
Reste que le présent film présente des qualités indéniables qui doivent autant à la personnalité de son metteur en scène qu'à la liberté de ton autorisée par l'époque, c'est à dire celle du "Pre-Code". Humour coquin, femmes qui fument et draguent ouvertement, brutalité des rapports physiques; visibilité des domestiques afro-américains (et racisme notoire de certaines séquences qui les mettent en scène)... Le personnage de Mary Evans est également moins nunuche que sera celui de Vicky Lester dans le film de Wellman. Gouailleuse, elle parvient par sa verve et sa finesse d'esprit à s'extraire du restaurant dans lequel elle était serveuse. Elle tient tête à son réalisateur autant qu'à son futur mari mais se laisse objectifier par son producteur, lequel la mènera au succès mais également à cette vie dans une prison dorée qui lui causera tant de peine.
Le ton du film oscille un peu arbitrairement entre la comédie (surtout la première partie) et le mélodrame (surtout la seconde), ce qui trouble la perception du spectateur et rend difficile d'accéder aux émotions dramatiques de la séparation et du suicide. Certaines blagues potaches masquent ainsi de façon regrettable les traits d'humour noirs portés par la figure du réalisateur désabusé. Ce déséquilibre et les concessions faites au happy end justifient ainsi la note un peu sévère que j'attribue au film. Mais il constitue une étape notable et intéressante dans les carrières à la fois de Cukor et de Selznick. Tous les deux n'en ont pas fini avec Hollywood.
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Créée
le 17 oct. 2023
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