Une interprétation démente suffit-elle à faire un bon film ? Autrement dit, un film où un acteur serait totalement habité pourrait-il se permettre de se passer d'un scénario travaillé ? C'est l'épineuse question à laquelle il faut répondre après avoir vu "Whiplash".
En effet, dans ce film, J.K. Simmons livre une interprétation intense. Il campe un professeur de musique / chef d'orchestre de jazz tyrannique, manipulateur et perfectionniste. Cela lui a valu le Golden Globes et l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, récompenses qui étaient amplement méritées.
Face à lui, Miles Teller livre également une performance et donne toute son énergie dans le rôle d'un jeune batteur qui souhaite atteindre l'excellence. Ce duel entre ces deux personnages, cet échange entre ces deux interprétations dingues, fait tout le sel du film.
Le souci, c'est qu'il se repose presque exclusivement sur ce point. Pour ne pas être de mauvaise foi, il me faut souligner le talent de Damien Chazelle pour filmer les scènes musicales et son sens du montage (qu'il confirmera de manière brillante sur "La La Land").
Cependant, il faut bien avouer que le scénario est une coquille vide : il n'y a pas d'histoire hormis le recrutement d'Andrew par Terrence Fletcher qui lui en fait baver. Et ... c'est presque tout. Durant le film, il y a des gros moments de creux où l'on se demande si le film n'est pas vain.
Alors, pour répondre à la question du début, oui, une interprétation habitée peut suffire à faire un bon film. En revanche, ça ne lui permettra probablement pas de traverser les années.