J'ai mis beaucoup de temps à accrocher à Whiplash. À dire vrai, au bout d'1H30, j'y voyais un bon film mais un film loin d'être exceptionnel. Un film certes porté par des acteurs fabuleux, mais un film loin d'être mémorable, notamment du point de vue de la mise en scène ; une mise en scène que je qualifierai d'inspirée "par-ci par-là". Ou, pour le dire autrement, certains passages sont tout bonnement brillants (magnifique climax orchestré au moment de l'accident) tandis que d'autres sont sans idées ni génie. Je me disais même au bout de ces 1H30 que ma note sur senscritique oscillerait entre le 6 et le 7 (ce qui est une note plus que correcte) mais pas le 8-9 annoncé tant m'habitait une certaine forme de déception du fait que la presse cumulée à l'avis d'un ami me l'avaient vendu comme une perle rare. D'ailleurs, en creusant un brin, il serait difficile de ne pas admettre que les loupés ne manquent pas, par exemple la relation qu'entretient Andrew avec Nicole, anecdotique au possible.
Et puis vint les dix dernières minutes. Vint ce moment de jazz pur et sincère qui se passe de mots car tout passe dans le regard de J.K. Simmons et Miles Teller. Vint ce moment où la mise en scène s'électrifie soudainement et épouse à merveille les mouvements du morceau joué. Et là, j'avais compris : ce n'est pas que le film était décevant, mais cette heure et demie devait nous amener à ce finale anthologique où tout fit sens. À la manière de Morse en quelque sorte. De fait, à partir de ce moment-là, j'en étais convaincu : je mettrai 8/10 à Whiplash et lui offrirait sans l'ombre d'un doute une place dans mon Top 10 de 2014. Parce que, quand bien même on peut ne pas apprécier le jazz, ce finale nous offre un tel moment de cinéma qu'il serait bien regrettable de le manquer.