Le sujet ne m'attirait pas trop : jazz et histoire qu'on voit venir à des km. Puis j'y suis allée. Et en effet : histoire ultra convenue dont on voit venir tous les rebondissements bien avant qu'ils ne se produisent. Jazz qui vire presque à l'inécoutable pour moi, dans sa dissonance (là je vais peut-être me faire des ennemis... j'assume !).
Et pourtant.
Ce film est magnifiquement filmé, les couleurs sont à tomber, le montage donne un rythme haletant, et les acteurs sont excellents.
J'avais déjà loué la performance de Miles Teller dans The Spectacular Now, et son talent se confirme.
J.K Simmons est le type d'acteur que je connais et reconnais sans jamais me rappeler d'où, et quand je regarde sa filmo, je finis toujours par me dire : oh c'était lui, mais quel incroyable grand écart dans les rôles. Bingo.
Ces deux acteurs interprètent leurs rôles dans ce film comme des fauves dans une cage, jaugeant leurs forces respectives, se tournant autour, et finissant par se sauter au cou. Le mâle dominant contre le jeune louveteau.
Ils sont parfaits dans ce duel.
Damien Chazelle filme avec une intensité incroyable. Des plans ultra rapprochés, des coupes sèches, une narration tendue. Des scènes où je retenais mon souffle, et m'apercevais une fois qu'elles étaient terminées que j'étais restée tout du long dans une grande tension.
La lumière et les couleurs font passer une chaleur qui donne une certaine sensualité à la musique et aux acteurs eux-mêmes. On sent que cette musique est transmise comme un feu. (Mais ce film ne m'y rendra pas plus sensible pour autant).
A côté de cette belle performance, le scénario est d'une banalité affligeante. Le personnage de la petite amie ne sert tellement à rien qu'on aurait pu s'en passer - elle ne sert qu'à rajouter une couche redondante sur des choses déjà bien exposées. La relation au père et à la famille aurait pu être un chouia plus développées.
Un film imparfait sur le fond, parfait sur la forme.
Réalisateur à suivre !