Plongée dans l'univers de l'élite musicale du Jazz à New York.
Sur scène, côté lumineux : Jazz Band efficace, rythmique parfaitement huilée, habits d'apparats et applaudissements.
En coulisse, côté sombre : Les répétitions à n'en plus finir, l'exigence surhumaine d'un professeur tyrannique, les limites sans cesse repoussées, la souffrance.
Partant d'une intrigue assez simple (un jeune homme qui veut se faire un nom dans son domaine de prédilection), le spectateur se retrouve au final devant un film où s'entremêle des thématiques complexes, qui pour la plupart, sont finement traitées :
Conflit intérieur, pression psychologique, souffrance physique.
Réflexion sur le génie artistique, qui côtoie bien souvent la folie et la monstruosité, sur la filiation (relation père - fils, jeune adulte - mentor).
La rencontre des genres (film musical - thriller) crée la tension sous-jacente qui parcourt le film. Elle l'électrise, lui donne une forme totalement singulière. Les belles mélodies Jazzy se répètent, les baguettes frappent la peau du tambour sans relâche, encore et encore jusqu'à saturation.
L'angoisse s'installe.
Les couleurs sont chaudes, étouffantes, les plans s'enchainent à toute allure.
Damien Chazelle, qui a réalisé ce film d'après une expérience personnelle, met en scène l'épuisement des corps, la fatigue psychologique, il filme les jets de sueurs et de sang. A travers sa caméra, le conservatoire devient un champ de bataille, l'orchestre un régiment d'infanterie et le professeur se mue en général de guerre.
Son thriller musical nous happe sans que l'on s'en aperçoive, il modifie notre perspective, vient heurter les idées préconçues et joue avec les codes du cinéma.
La relation malsaine entre les deux personnages, à la fois ennemis et complices, perdure jusqu'au final, grandiose et paroxystique.
On retient son souffle. Gros plan sur un sourire carnassier.
Whiplash (littéralement : coup de fouet) laisse le spectateur KO debout.
Un film de virtuose, une véritable expérience cinématographique, rare et précieuse.