Couronné à Sundance l’année dernière, Whiplash a depuis secoué (positivement) la critique un peu partout où il a été présenté, faisant ainsi de lui une des œuvres cinématographiques incontournables de ces derniers mois. Et après visionnage, il s’avère que cette œuvre n’est pas seulement incontournable, mais aussi particulièrement remarquable.
Sans forcément proposer un scénario révolutionnaire ou une réalisation exceptionnelle, le jeune Damien Chazelle livre en effet un film percutant, haletant et terriblement captivant. Le genre de film qui nous prend littéralement aux tripes et dont on ne ressort pas tout à fait indemne. En un mot : une claque ! Et le terme n’est vraiment pas exagéré tant le long-métrage parvient à nous bousculer pendant près de 2 heures. Il faut dire que la relation qui unit l’élève et le professeur est d’une dureté incroyable et s’apparente dès lors davantage à un véritable affrontement. Un affrontement avec pour enjeu principal la recherche de l’excellence, et au cours duquel Andrew ne dispose que d’une seule arme, sa batterie. Un instrument implacable qui tient le rôle central du film et qui, s’il représente pour lui un accès direct à la reconnaissance, ne se dompte pas sans sacrifices. Meurtri physiquement et psychologiquement, Andrew devra donc s’abandonner complètement à son art pour tenter d’atteindre la perfection, au risque peut-être d’atteindre le point de non-retour.
Comme un véritable chef d’orchestre, le réalisateur rythme brillamment son film et confère à ses performances musicales une intensité rare. J’en veux pour preuve cette magistrale montée en puissance finale, qui vient ponctuer un solo nerveux et frénétique, nous laissant totalement KO sur notre siège, aussi éreinté que le musicien. D’un point de vue technique, le film est d’ailleurs extrêmement maîtrisé. De la réalisation à la photographie, en passant par le montage, chaque aspect semble convenir parfaitement au sujet et à l’esprit du film. Cependant, malgré les nombreuses qualités du long-métrage, celui-ci ne serait absolument rien sans les prestations incroyables de Miles Teller et J.K. Simmons. Le premier confirme en effet magnifiquement le talent déjà perçu dans ses rôles précédents et, à l’image de son personnage dans le film, se dépasse littéralement à l’écran. Le second se révèle quant à lui impeccable en professeur impitoyable et intransigeant. Charismatique et crédible, il insuffle à ce personnage moralement discutable une aura presque magnétique.
Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur Damien Chazelle livre donc une partition sans la moindre fausse note, portée par deux comédiens remarquables dont l’affrontement épique n’a assurément pas fini de marquer les esprits. Une œuvre puissante, immersive et percutante sur le dépassement de soi et la recherche de l’excellence.
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