Jusqu’où faut-il aller pour réussir ? Mais surtout qu’est-ce que la réussite ? Andrew est à la fois admirable et pitoyable. Lorsqu’il joue on ressent toute sa rage : son envie de réussir, sa volonté ou plutôt son acharnement mais aussi son désespoir et son amertume … et c’est ce qui rend ces séquences si puissantes. Que peut-on accepter d’endurer pour quelques minutes de reconnaissance ? Faut-il renoncer à tout le reste ? Ce film va au-delà de ces questions : au fur et à mesure qu’Andrew se rapproche de son rêve il arrête de vivre, devient égocentrique et amer. Pourtant le film parvient à nous faire comprendre et même à nous faire partager cette exigence et cette ténacité.
Le personnage de Fletcher résume parfaitement cette problématique : il est convaincu qu’il doit pousser les élèves au-delà de leur maximum, ils doivent se dépasser. C’est à son sens le seul moyen d’engendrer des musiciens exceptionnels. Malgré leurs oppositions, Andrew et lui sont tous deux en quête de la perfection… quitte à se détruire mutuellement.
Si ce film est unique en son genre c’est surtout du fait de la place centrale que tient la musique : saxo, trompettes, cuivres, contrebasses et évidement la batterie volent la vedette aux acteurs. Jamais je n’aurais pensé que de telles séquences puissent être si envoûtantes, si prenantes et si brutales. C’est plus qu’une bande son : la musique est filmée ! Le pari de Damien Chazelle est réussi "On voulait que les scènes de concert soient filmés comme des scènes d'action."