Wicked
6.5
Wicked

Film de Jon M. Chu (2024)

J’aime pas Le Magicien d’Oz. Du film de Fleming, je garde un souvenir de carie douloureuse. De celui de Sam Raimi, je retiens un cassage de dents qui signe la plus faible de ses œuvres. J’aime pas à cause des ces couleurs criardes, cet univers bubble-gum dégoulinant qui agresse la rétine et dont l’univers est insipide. Il est indéniable que l’opus de 1939 a eu un impact culturel incommensurable, que ses expérimentations Technicolor, sa bande-son et ses personnages essentialisés ont marqué la culture, allant des innombrables reprises de Over the Rainbow à une chanson d’Elton John, en passant par des légendes urbaines autour de Dark Side of the Moon et des répliques référentielles dans un paquet de films (Avatar ou Cruising pour ne citer qu’eux).


Mais cette popularité transgénérationnelle n’entame en rien mon désamour pour cet univers. Autant dire que Wicked, je m’en foutais donc un peu. D’autant plus que Jon M. Chu, c’est le mec qui, à part le sympathique et récent In the Heights, est responsable de la franchise Step Up, du second film G.I. Joe ou de l’adaptation de Jem et les Hologrammes (celle sur laquelle le Joueur du Grenier a fait un épisode). On ne partait donc pas gagnant, mais phénomène culturel (enfin, surtout Outre-Atlantique) il fallait bien que je m’y attelle, pour être à la page.


Et contre toute attente, comme le laisse deviner ma note, j’ai au final bien aimé. Pourtant le début rose bonbon faisait très peur, une sorte de Mean Girls croisé avec Pitch Perfect qui tenterait de brosser un monde fantasy saupoudré de Barbie. Le tout avec la subtilité thématique d’un éléphant qui passerait un CAP horlogerie, un tact qui accompagne le développement des personnages et de leurs relations. Mais passé cette nauséeuse première partie, un peu de substance vient se greffer à l’ensemble, tandis que les chansons deviennent plus prenantes et mieux chorégraphiées (même si on fait tout un flan de Popular qui propose une séance de make-over, interdit depuis Pretty Woman). Le film quitte le campus pour prendre la voie de Emerald City et gagne ainsi en ampleur, tandis que les thèmes sous-jacents de xénophobie citent sans ambage, et de façon surprenante, l’antisémitisme de l’Allemagne des années 30 (attention, il y a toujours autant de subtilité).


Alors on déballe les grandes séquences de révélations et d’iconisation, on balance la sauce dans un final qui refuse de faire pause pour reprendre sa respiration, et on tease la suite dans un panneau To be continued. C’est bourrin, c’est too much, mais, quelque part dans ce gloubi-boulga, l’émotion pointe et on se prend au jeu, on se met à apprécier les vocalises, et on est partant pour voir la conclusion en fin d’année. C’est déjà plus que Wonka, la comédie musicale pourvoyeuse de diabète de l’année précédente.



Frakkazak

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