Après " Jolene " sorti en 2007, nous avons droit ici à un autre film sur l'autre visage des Etats - Unis. C'est à dire sur l'Amérique des laissés pour compte et des échecs
Maintenant pour parler rapidement de l'histoire en elle même, elle nous raconte une aventure que l'auteur Cheryl Strayed a réellement vécue. A savoir qu'elle a fait une randonnée de plus de 1500 km de la Californie, jusqu'à Portland dans l'Oregon. Voici pour la partie présentation. Alors, pour évacuer les idées reçues, ce film n'a rien à voir avec Into the Wild. Passons à une [rapide] analyse :
I - La symbolique religieuse ultra présente
D'abord on peut constater que la religion occupe une place centrale dans le film et ce pour plusieurs raisons. La première d'entre elle est que la randonnée effectuée par Cheryl, ressemble à un parallèle évident avec le chemin de croix en 12 étapes, effectué par Jésus Christ, avant d'être crucifié sur le Mont des Oliviers. On peut également établir un parallèle entre la croix en bois que devait porter Jésus et le sac à dos de Cheryl. A plusieurs reprises, les deux personnes sont littéralement " écrasées " par leur fardeau et se retrouvent clouées au sol à cause du poids. Et donc ils doivent s'arrêter plusieurs fois de marcher pour souffler
Ensuite la religion est aussi présente dans les actes de Cheryl. Durant les 3 quarts du film, elle se lit des citations philosophiques et religieuses pour se donner du courage et trouver la force de continuer. Ceci montre bien qu'elle accomplit cette randonnée dans l'objectif d'une rédemption et d'une rémission ultime des péchés. Justement parlons en. La notion de vice est au cœur des problématiques soulevées par le film. Cheryl a un lourd passé de toxico addict à l'héroïne. Elle a également connue l'échec d'une vie conjugale, faite de liaisons infidèles et d'une réputation de fille facile. Un dialogue du film y fait allusion :
Je l'ai trompé. [...] Mais l'addition est trop salée pour être réparée
Pour en terminer avec l'aspect religieux, " Strayed " signifie " Effrayé ", ce qui se rapproche de ce qui disaient parfois certains prêtres américains, notamment dans les communautés noires des grandes villes. En effet, ils parlaient de " Brebis Égarées ", pour désigner leurs fidèles
II - L'humain avant tout
Ce film n'oublie pas de nous présenter un portrait d'une personne avant tout. De Cheryl qui se révèle au fur et à mesure de son périple, puis apprend à mûrir sur le plan psychologique et tire progressivement des leçons de ses erreurs. Un autre dialogue du film mentionne cette évolution :
Oui, j'ai connu Greg autrefois ; à Black Meadows. J'étais plus naïve qu'aujourd'hui.
On voit également de la souffrance à propos de Cheryl dans le film. En premier lieu, parce qu'elle refuse de tourner la page de son passé, ce qui se matérialise par des Flash - Backs. Aussi bien sur la mort dramatique de sa mère et son père violent/alcoolique, que sur l'échec de son mariage. Mais il y a aussi la souffrance plus physique, par exemple quand elle doit s'arracher un ongle de pied et laisse échapper sa chaussure dans le ravin
Cheryl accomplit très certainement ce voyage dans le but de trouver la petite flamme éternelle, la même qui amène les militaires à se surpasser lors de leurs entraînements. Il s'agit donc de ça, un aguerrissement psychologique pour Cheryl
https://www.youtube.com/watch?v=PSoOFn3wQV4
III - Le portrait de la société
Comme dans " Jolene ", le film nous livre ici un portrait de la société américaine assez large. Il y a même les pervers psychopathes, ici sous le trait de 2 chasseurs. D'ailleurs, le film se permet même une touche d'humour acide par rapport à cela, que l'on peut résumer dans une pensée intérieure de Cheryl :
Bonjour, je m'appelle Cheryl Strayed. Vous me prenez en stop, pour me violer, me tuer et me découper en petits morceaux, s'il vous plaît ?
IV - Magnifié par tout le reste
Pour terminer comment ne pas évoquer le sublime morceau " El Condor Pasa " de Simon and Garfunkel dans la BO, ainsi que les prestations exceptionnelles de Reese Witherspoon et Laura Dern
En conclusion, je dirais que le public a eu tort de cracher sur ce film, qui a de vrais atouts à faire valoir et devrait être plus reconnu
Ma première impression à la fin du générique :
" Wooh ! Putain de Merde, qu'est ce que je viens de voir là..."
N'hésitez pas à me dire si je dois corriger des choses ou si des points de mon analyse sont faux