De par son titre, son sujet, ses paysages sauvages et son affiche invitant à prendre la route sans attendre, le nouveau film de Jean-Marc Vallée rappelait dangereusement le magnifique Into the Wild de Sean Penn, à tel point que le visionnage ne s'imposait pas franchement à mes yeux. Monumentale erreur, comme dirait Jack Slater.
Car hormis la beauté incroyable de son cadre naturel, Wild n'a finalement peu à voir avec le film de Sean Penn. Adapté du parcours de Cheryl Strayed par l'écrivain Nick Hornby, il illustre un récit complètement différent, la finalité et la démarche n'étant absolument pas les mêmes. Si le héros de Into the Wild fuyait à la fois une société consumériste et une famille éclatée qu'il ne reconnaissait plus, l'héroïne de Wild est au coeur d'un voyage initiatique dont le but n'est clairement pas un retour à la nature ou un rejet du monde moderne, mais tout simplement une psychanalyse, une tentative désespérée de faire la paix avec la passé et ses démons.
Portrait extrêmement touchant d'une jeune femme incapable de gérer la perte de sa mère (magnifique Laura Dern), Wild est fait d'instantanés, de pensées et de souvenirs mélangés en un maelstrom d'émotion brute qui vous colle pour ne plus vous lâcher. Un aspect renforcé par la mise en scène intelligente de Jean-Marc Vallée, et par le savant montage de Martin Pensa. La bande originale est également utilisée avec pertinence, parfait complément à la psyché et à l'état d'esprit de l'héroïne, constamment sur le fil.
De quasiment tous les plans, Reese Witherspoon est tout simplement parfaite, faisant preuve d'une implication émotionnelle comme physique exemplaire, prouvant qu'elle peut être une excellente comédienne quand elle est correctement dirigée. C'est peu dire que son Oscar est amplement mérité.
Loin du simple ersatz de Into the Wild, le nouveau long-métrage de Jean-Marc Vallée est un drame intimiste émouvant et mis en scène avec talent, bénéficiant de l'interprétation puissante de sa star et de paysages naturels absolument sublimes.