Au début 1996, Woody Allen et son groupe de Jazz viennent faire une tournée en Europe, et la réalisatrice Barbara Kopple l'a suivi dans cette tournée où on le suit accompagné de son épouse Soon-Yi.
Wild man blues est un documentaire sorti dans la même période que Celebrity, et qui n'a pas eu beaucoup de retombées ; ce qui est dommage en soi, car c'est non seulement intéressant sur le Jazz, mais aussi et surtout on peut voir Woody Allen au naturel, si j'ose dire. Et on a clairement l'impression de voir une extension des films où il joue, tant ses névroses, ses peurs, ses phobies, tout est déjà là, avec son épouse qui semble blasée de le voir ainsi, et il faut dire que le personnage reste constamment drôle dans cet humour à froid, notamment quand il part se baigner dans une piscine intérieure, ou les moments où il rencontre son public, avec toujours un bon mot pour conclure les concerts. Qui se sont déroulés en Espagne, en Italie, en Angleterre et en France, notamment à l'Oympia dans une salle comble à écouter du Jazz. Inutile de dire qu'on entend constamment cette musique dans ses films, que Woody Allen joue (ou jouait ?) de la clarinette dans ce groupe de manière hebdomadaire dans des petits clubs de New York, on le voit vraiment passionné par cette musique, y compris quand il va chez un vendeur d'instruments de musique pour demander une nouvelle clarinette et que son exigence saute aux yeux.
Woody Allen est un homme qui se livre peu, j'imagine la galère pour la réalisatrice à le filmer ainsi dans son intimité, ce qu'il a rarement accordé avant cela. Le clou du documentaire est sans nul doute quand Woody et sa femme reviennent à New York pour voir ses parents, qui avaient dans les 90 ans, et outre le fait que sa mère lui ressemble fortement, on croirait voir un film devant nos yeux. C'est très drôle, vachard, les parents qui sont sans filtres, notamment sa mère encore qui lui dit, en présence de Soon-Yi, qu'elle aurait préféré que Woody Allen sorte avec une Juive, et pas avec une asiatique.
Rien que cette dernière partie est un moment de joie énorme, et d'une manière globale, c'est un document précieux sur Woody Allen à cette époque, qui parle très peu de cinéma, mais sur sa folle passion du Jazz.