La première présentation française de Wildland (Chair et sang, d'après son titre original) devait avoir lieu en novembre 2020 lors de l'Arras Film Festival, malheureusement annulé. Ce premier long-métrage de la danoise Jeanette Nordahl n'est finalement pas sorti en salles avant sa diffusion sur Canal+. Et, visiblement, le film n'a suscité qu'ennui et rejet si l'on considère ses avis et notes moyennes sur IMDB, SensCritique ou AlloCiné. Rien que cette quasi unanimité négative donne évidemment une envie irrépressible de juger par soi-même ce Wildland dont la trame n'est pas sans rappeler celle du grandiose Animal Kingdom, qui a révélé David Michôd. Première remarque : il faut vraiment n'aimer que les blockbusters pour considérer qu'il ne se passe rien dans le film alors qu'une tension palpable et assez inconfortable l'imprègne depuis ses premières minutes. Par ailleurs, l'originalité de cette famille unie dans le vice vient du regard de la jeune femme qui y est introduite, une nièce frappée par le deuil. Sa psychologie ne répond sans doute pas à des critères rationnels mais ce n'est pas un postulat inacceptable, non plus. Quant aux deux scènes finales, elles sont brillantes de par leur concision et leur brutalité et tant pis si elles semblent incompréhensibles pour certains. Ce qui pourrait être reproché au film, en définitive, est de ne pas jouer la carte de l'humour noir (une spécialité danoise, pourtant), la réalisatrice faisant montre d'une volonté démonstrative exacerbée pour illustrer le thème de l'emprise. Dans le rôle de la mère castratrice, justement, il faut dire que Sidse Babett Knudsen est comme toujours impeccable.