Taylor Sheridan**est peut-être un nom qui ne vous dit rien pourtant il est l'un des meilleurs scénaristes de notre génération. **Sicario et Comancheria sont tous deux des films qui ont été scénarisés par Sheridan, autant dire que le monsieur s'y connait en succès cinématographique. Pour lui, les deux films cités précédemment ainsi que Wind River forment une trilogie. A travers ces films, il a exploré les grands espaces américains allant de la frontière mexicaine jusqu'au montagnes enneigées de Wind River. Cette fois-ci, Sheridan passe derrière la caméra puisqu'il réalise son premier film avec Wind River, un thriller comme on les aime chez nous.
Dans ce film, nous suivons l'agent Jane Banner qui est appelée pour mener l'enquête concernant la mort du jeune fille nommée Nathalie. Aidée par un chasseur du coin nommé Cory, l'enquête emmène les deux gens aux confins des terres enneigées de la Wind River. A travers cette histoire, on découvre l'Amérique profonde un peu plus et surtout la violence qui habite encore les terres les plus éloignées du rêve américain.
La force de Wind river réside dans sa mise en scène très rapide qui permet à Sheridan de combler le mouvement de la neige si calme avec des plans rapides. Il crée une sorte de paradoxe entre la neige silencieuse et l'utilisation du son dans son film. Le film est un affrontement constant entre le décor et le son. On peut citer plusieurs exemples : Les scènes de motoneiges par exemple ou encore les scènes de fusillade, c'est comme si Sheridan voulait rendre hommage aux grands espaces américains. Il aime donner l'impression que ses personnages sont placés dans un décor, il aime accentuer cette idée que ce n'est pas le décor qui est au service des personnages mais les personnages qui sont au service du décor. Finalement, le personnage principal du film c'est la Wind River et ses terres enneigées.
Wind River est bien entendu un thriller tendu qui s'inscrit dans la suite logique des films précédents. On retrouve le même genre de personnage féminin et le même genre de personnage masculin. Mais attention, Sheridan place une égalité entre ses personnages. Le personnage de Jérémy Renner comme le personnage d'Elizabeth Olsen ont la même importance sur le plan du récit. Les deux personnages principaux incarnent le bien et le mal, la loi et la justice. Chaque personnage possède des principes moraux différents mais ils se retrouvent dans le combat pour rendre justice à la jeune fille morte. Sheridan construit la relation entre les deux personnages, on dirait deux amis qui se respectent et se protègent.
Pour aller plus loin, j'ai remarqué que la bande originale du film est très intéressante, on retrouve des sons purs comme le bruit des pas dans la neige, le bruit de l'impact des balles par exemple. Il y a un seul moment où on entend de la musique avec des paroles. C'est Nick Caves qui a réalisé la bande originale du film.
En conclusion, Wind River arrive à conclure une très belle trilogie de films policiers orchestrée par Taylor Sheridan qui a écrit les trois films. A travers ces films, il explore les grands espaces américains qui constituent l'Amérique profonde. Il met en scène une violence brutale et pure. Cette violence est le fondement de la société américaine, dans de nombreux films on retrouve cette idée d'Amérique construite dans le sang. Sheridan rend hommage à son pays et place ses histoires dans des décors somptueux qui lui permettent de jouer avec les possibilités sonores du cinéma moderne. Wind River est un grand film à n'en point douter.