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Ici, il n'y a pas de chance. On survit ou on abandonne.

"Ici, il n'y a pas de chance. On survit ou on abandonne."


Taylor Sheridan signe ici son deuxième film en tant que réalisateur , mais il n'en est pas à son premier coup d'essai en tant que scénariste seulement. Il a en effet signé les scénarios de Sicario, Soldado et Hell or High Water. Wind River est donc son premier film ou il endosse les deux casquettes de scénariste et réalisateur en même temps, et le résultat fonctionne à merveille.


Un thriller pas comme les autres


Wind River, n'est pas un thriller classique, ce n'est pas un blockbuster, et n'a pas encore fait trop de vagues. Pas de Tom Cruise ou de Matt Damon, mais un casting de choix tout de même avec Jemery renner et Elizabeth Olsen.
Alors que le public va s'attendre à un thriller avec un "anti-héros" et une agent du FBI, un crime à élucider, et des méchants à tuer, le film nous apporte une réflexion plus poussée que cela.


Nous vous attendez pas à un film d'action pur et dur car ce n'est pas le propos; et c'est beaucoup plus profond que cela.
Pas de courses poursuites, d'explosions à droite à gauche, de scènes de combat de malade... Mais une histoire profonde, des émotions intenses, du réalisme, et un message fort.
Le film dénonce un problème de fond contemporain; les disparitions des femmes autochtones qui restent non élucidées, et même non répertoriées.


Neige et silence


Les nombreux plans larges, vu d'en haut, les grands espaces, le vide. Tous ces plans montrent que la réserve est isolée, qu'il y a que de la nature, de la neige et du silence autour d'eux. Un sentiment d'abandon se dégage de ces quelques bâtiments au beau milieu du vide, loin du reste des gens et des villes.
"Inspiré de faits réels". Tout de suite cela donne le ton, et on ne pense ni n'aborde pas le film de la même manière qu'on le ferait avec un film "normal". Cela apporte tout de suite une dimension réaliste, émouvante, plus à même de toucher le spectateur.


De quoi parle l'histoire de Wind River


Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l'immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu'il découvre le corps d'une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l'aider à mener l'enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l'isolement, où la loi des hommes s'estompe face à celle impitoyable de la nature...


La scène d'introduction commence par la scène où la victime meurt. On ne sait pas qui c'est, ni pourquoi elle meurt, ni les conditions de sa mort. Et cela installe l'intrigue du film.
On arrive ensuite sur le héros (Cory), et on voit quel personnage il est au premier abord: solitaire, chasseur, pisteur, doué dans ce qu'il fait; il est apparemment divorcé avec un enfant, et entretient une relation assez tendue avec son ex femme.
Cory fait rapidement la découverte effroyable du corps de la victime, qu'il connait. Ils font appel au FBI, qui ne leur envoie qu'un agent, Jane Baner, une toute nouvelle débutante, qui est elle même démunie fasse aux conditions climatiques dans lesquelles elle arrive.
Les conditions de la mort de la victimes sont très mystérieuses car il semble qu'elle ait couru pieds nus dans la neige au beau milieu de nulle part, à plus de 6km de toute habitations.
On entrevoit également rapidement un mystère sur le passé de Cory; lorsque son fils lui demande si la fille est morte comme Emilie. On comprend donc qu'il y a eu un drame familial, et on se demande alors à notre tour ce qui est arrivé à cette jeune fille, que l'on devine être la fille de Cory.


Du réalisme et de la subtilité


La détresse des parents de la victime est tellement dure à regarder. La mère qui se scarifie les bras, le père qui est complètement effondré dans les bras de son ami. Cory a apparemment vécu la même chose et les comprend. On ressent très bien le passé lourd des personnages.
Les dialogues sont réalistes, emprunts de véracité, de simplicité et d'authenticité. Ce n'est pas du genre "je vais vous traquer, je vais vous trouver et je vais vous tuer" à la TAKEN (même si j'avais beaucoup aimé ce film).
Le développement des personnages se fait au dur et à mesure de l'intrigue, de l'enquête. On découvre le passé tragique de Cory et sa famille, son fardeau émotif. On sent la détresse des gens des réserves, qui ne font que survivre au jour le jour.


L'intrigue est elle aussi authentique. Ce n'est pas un épisode des Experts Miami. On découvre qui était la victime, quel était son lien avec les autres personnages; ce qui s'est passé, et surtout qu'est-ce que le crime dont elle a été victime soulève ? De plus gros problèmes et injustices que le réalisateur souligne à merveille.


On trouve les coupables de ce crime, mais on n'a toujours pas la certitude que la fille de Cory ait vécu une chose similaire, ni qui est coupable de sa mort. Nous n'avons pas la réponse; Cory non plus. Et des dizaines et des dizaines de familles vivant dans les réserves, dont les filles ont également disparues, non plus.
Le film ne résout pas toutes les questions que l'on se pose, et ce qui en fait un film très authentique.


● Jeremy Renner, une prestation très juste


Jeremy Renner donne ici sa meilleure prestation, de loin. Il est vraiment touchant dans ce rôle; on sent son personnage brisé, solitaire, triste, culpabilisant et essayant de bien faire les choses (comme avec son fils, pour qui il essaie d'être présent malgré son travail très prenant). Il semble simple, naturel, et nous donne des sueurs froides lorsqu'il parle de sa fille et des conditions de la découverte de son corps.


A noter également le personnage du père de la victime (interprété par Gil Birminghjam), qui a un jeu d'acteur extrêmement poignant également. Je me suis littéralement noyée lorsqu'il s'est mis à pleurer dans les bras de son ami, après avoir appris le meurtre de sa fille.


Un message fort et dénonciateur


Emprunt de sobriété, Taylor Sheridan signe ici un scénario et une réalisation claire et juste. Pas d'amourette entre le héros et l'héroïne, pas de résolution baclée à l'histoire de Cory, pas de réelle "happy ending".


Wind River parle de la réalité dans les réserves, la réalité des gens qui y vivent, leur détresse, leur solitude, l'abandon dont ils sont victimes, et le fait qu'ils ne sont pas écoutés, qu'ils ne puissent pas faire entendre leur voix.
Le film fait ressentir au spectateur l'injustice totale, la détresse, le sentiment d'être démuni, la tristesse.


Certains trouveront que le film manque d'action ou de moments forts. Mais tout cela sert effectivement au propos du film. Car il est réaliste, et la réalité ne se passe pas comme dans les films hollywoodiens.
Certains pourront trouver quelques lenteurs dans le scénario, mais personnellement, je l'ai trouvé très juste. Et on prend le temps de digérer les informations et émotions qui nous prennent à la gorge.


Les adeptes des classiques films d'action seront peut être frustrés car toutes les énigmes ou les question que l'on se pose (et que les personnages se posent aussi) n'auront pas forcément de réponses (même si on s'en doute fortement). Nous ne sommes pas dans un schéma "un problème = une solution", comme dans tous les films.
Sheridan ne romance pas ici, c'est beaucoup plus réaliste et cela sert complètement le message qu'il veut faire passer et mettre en avant.


Nous ne savons toujours pas ce qui est arrivé précisément à la fille de Cory, mais lui non plus... Et les dizaines de vraies familles amérindiennes non plus.
C'est là toute la détresse de ces communautés.

EmmaNgan_Sing
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Créée

le 26 août 2017

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Emma Ngan Sing

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