Alors c'est ça, l'Amérique d'en bas ?

Le Missouri, déjà à la base, ça ne fait pas rêver. On y passerait sans doute pas ses vacances. La civilisation y semble au point mort, comme si l'humanité n'était plus concernée que par la survie des siens.

Dans une bicoque au milieu des bois, Ree, une adolescente de 17 ans, s'occupe de son frère de 12 ans, de sa soeur de 6 ans et de sa mère malade. Le couple voisin les dépanne en bois de chauffage et en nourriture à l'occasion. Pas vraiment une vie qu'on envie, mais Ree se débrouille. Jusqu'au jour où son dealer de père se sert de leur maison pour payer sa caution puis disparait dans la nature. S'il ne revient pas à temps pour son procès, le foyer de sa femme et ses trois enfants sera saisi. Ree décide alors de partir à la recherche de son paternel...

Cette plongée dans l'Amérique profonde a quelque chose de glaçant. Les paysages, mornes et utilisant toutes les nuances de gris, donnent un sacré cafard. Sans parler des autochtones, tous apparentés et affublés de ganaches pas possibles. Et ce lycée où l'on apprend à bien tenir un bébé dans ses bras et à défiler avec un fusil... Un parfum de désolation anxiogène traverse tout le film. Au fil de l'enquête de Ree, on a aussi du mal à anticiper les comportements des gens, à évaluer leurs limites et leur stabilité psychologique.

Outre ce portrait saisissant d'un monde rural à l'abandon, le film repose sur la force de caractère de son héroïne. La jolie blonde assure elle-même la survie de sa famille et n'hésite pas à risquer sa peau pour essayer d'en maintenir la stabilité. Si ses nerfs lâchent de temps à autres, elle garde une volonté intacte. Son amour pour son père n'est jamais remis en question alors que l'on s'attendrait à le voir se muer en une rancoeur légitime. Ses liens ambigus avec son barjo d'oncle, entre peur trouble et réelle affection, m'ont par ailleurs particulièrement touché.

Winter's Bone montre avec brio qu'il n'y a aucun besoin d'esthétiser la violence ou d'assombrir artificiellement des personnages pour donner du corps à une critique sociale. Au contraire, la pudeur et la retenue de ce film indé ne font que décupler la puissance de son propos...
VaultBoy
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le 13 mars 2011

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Arthur Bayon

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