Wish est un film qui souffre énormément du cahier des charges qui lui a été assigné. À savoir, en faire un film anniversaire pour célébrer les 100 ans du studio aux grandes oreilles avec comme postulat de base l'hymne même de ce-dit studio : When you wish upon a star.
Si l'idée de base, sur le papier, est fort louable, le résultat final se révèle bancal, stérile et manquant cruellement de profondeur. La magie de Disney a bien palie ces dernières années avec des films mineurs tels que Encanto, Raya ou encore Avalonia, et ce film, Wish, continue de creuser la tombe d'un studio en perte d'inspiration.
Pourtant, dès le début, le ton était prometteur : un livre s'ouvre, le conte de Wish nous est narré à l'instar des grands classiques qui ont fait la renommée du studio (Blanche-Neige, Cendrillon...) puis le cahier de charges prend les rennes du récit et dégueule une ribambelle de personnages et de péripéties qui s'empêtrent dans leurs propres autoréférences.
Car si l'héroïne et le vilain tirent quelque peu leur épingle du jeu, le film nous offre (ou plutôt nous fait subir) un trop grand nombre de personnages secondaires insipides et/ou horripilants. Faute encore à ce fichu cahier des charges qui stipule de rendre hommage aux productions Disney précédentes, Asha est donc affublée de 9 (!) compagnons :
7 humains fort dispensables , faisant bien sûr référence aux 7 nains de Blanche-Neige. Un clin d'œil bien trop appuyé tout au long du film qui peine vraiment nous faire apprécier ces 7 personnages individuellement. On ne se rappelle plus leur prénom, tandis que les nains de 1937 étaient clairement tous identifiables et mémorables. Vient ensuite l'agneau qui, lorsqu'il se met à parler, perd tout son capital sympathie et devient un ressort comique plutôt balourd. Le dernier compagnon est bien évidemment la petite étoile ultra mignonne qui, en plus d'être un attrape-client pour les produits dérivés, n'apporte finalement rien au film, tant son rôle est mal exploité...
Narrativement parlant, Wish nous dépeint une série de péripéties sans saveur, avec un manque d'enjeux et de magie... Malgré la présence d'animaux parlants, de baguettes magiques et d'étoile scintillante tombée du ciel, la sauce ne prend pas et on voit l'action du film se dérouler sous nos yeux sans qu'une quelconque émotion ne nous saisisse à part l'ennui et la stupeur de voir tant de potentiel gâché par un scénario bien trop classique, insipide et peu inspiré...
On regrettera que l'héroïne n'ait pas vraiment de quête plus palpitante que d'aller chercher le vœu de son papi centenaire (comme le studio quoi !) et qu'elle ne soit encore qu'un ersatz de Raiponce ou d'Anna (dans La Reine des Neiges) poussé à l'extrême de l'unsecure girl. Le Roi est, quant à lui, un méchant (enfin ! mais ne crions pas victoire trop tôt...) bien trop fade et manquant d'envergure machiavélique en comparaison de tout le catalogue des vilains iconiques Disney... La population de Rosas, bien passive, confie ses vœux en attendant qu'on les leur exauce... Le concept même du film est bancale et m'a interpellé car souhaiter d'être la meilleure couturière, un chevalier hors du commun ou encore voler comme un oiseau (bon, peut-être pas celui là ^^') demande avant tout de la persévérance. Le message du film serait-il donc d'attende qu'on exauce nos vœux pour nous, qu'on ne doit rien tenter car cela viendra un jour ?!... Tout cela manque clairement de profondeur car ce récit n'est en fait qu'une excuse pour célébrer 100 ans de chefs-d'œuvres animés à grand renfort de clins d'oeil. Pour preuve ultime : le générique de fin qui fait apparaître les personnages emblématiques du studio chronologiquement de Blanche-Neige à Avalonia...
Qui dit Disney, dit chansons : même pour un inconditionnel des chansons Disney tel que je peux l'être, force est de constater que les morceaux musicaux de ce film ne servent à rien tant ils sont placées à des moments où on se serait bien passé de chansons...
Outre le I want song de l'héroïne, passage oblige dans un Disney, le reste de la piste musicale, quand bien même plutôt rythmée si on ne fait que l'écouter, est mal exploitée narrativement. Les chansons semblent posées là, stoppant l'action ou la désamorçant maladroitement On se serait bien passé d'un numéro de boules à vœux flottantes lors d'un entretien trop tiré en longueur entre Asha et le Roi, d'une chanson d'animaux navrante, d'une propagande à la rébellion de 7 (puis 8 !) personnages contre leur roi, ou encore d'un climax musical venant dénouer les évènements d'un final pathétique en le soupoudrant d'une couche de guimauve indigeste...
Visuellement parlant, j'ai hésité au cours de mon visionnage entre le juste passable et le très laid : si l'animation des personnages est digne de ce dont Disney nous a habitués, le rendu final de l'image avec cette 3D passée à la couche 2D sur des décors 3D texturés aquarelle, plats et souvent flous, est très déstabilisant. On a le sentiment de voir quelque chose de fade voire d'inachevé (tels les pires productions animées des programmes du matin à la télé, c'est dire !)
On aurait pu saluer la prise de risque de cette tentative de renouvellement graphique pour faire comme les concurrents (Into the Spiderverse, Le Chat Potté) mais le tout ne marche pas et fait passer le film comme pas du tout maîtrisé... Sans compter que la ville de Rosas et ses environs (forêt, château, chaumière...) est pauvre et ne fait pas rêver, la mise en scène est plate et la palette colorimétrique n'émerveille à aucun moment...
Seul point positif pour moi : Asha et le Roi Magnifico sont deux très beaux personnages (oui, on jure au physique ici !) Si on gratte la couche 2D immonde apposée sur la 3D, le character design de ces deux personnages est plus qu'appréciable et regardable, bien que typiquement sorti du moule disneyien de ces dernières années... Car, après tout, n'est-ce pas ce qu'on regrette le plus dans les films Disney d'aujourd'hui ? Le savant mélange de bons personnages, de magie, de frisson, d'aventure, d'émerveillement, d'émotions qui, pour les petits comme pour les grands, résume un bon film d'animation Disney ? Choses absentes dans ce dernier film Disney, Wish, car, pour conclure, et comme vous l'aurez compris, j'ai été extrêmement déçu...