Witchboard III: The Possession a beau être le troisième volet d’une série de films d’horreur, son histoire est déconnectée des précédents. Mais le film s’inscrit bien dans la tendance du cinéma d’horreur de la première moitié des années 1990, ronronnant avant que le succès de Scream ne ravive la soif de sang du genre.
Assagi ou affaibli après des années 1980 gores et polémiques, le film d’horreur de ces années délaisse le sang et les tripes. Dans Possession, comme dans d’autres films tels que La Revanche de Pinocchio ou Arachnophobie (lui est bon), les exécutions sont rares. Les personnages ne sont guère nombreux, alors il faut que leur disparition fasse leur effet, sans en faire trop dans le démonstratif. Le pari est relevé sans vraiment se forcer, les morts sont importantes, et le film s’offre même une audacieuse mise à trépas par des papillons épinglés. Les effets spéciaux ne sont guère flamboyants, pour cette scène ou pour les autres, mais l’idée est assez bien mise en application.
Si le gore dégoulinant n’a plus sa place, le genre consolide alors ses personnages, avec une nouvelle emphase sur le cercle familial. Il faut pouvoir trembler avec des créations qui seraient plus proches du spectateur. Dans Possession, on découvre Brian et Julie, jeune couple qui vient d’emménager dans un nouvel appartement. Tous deux s’aiment, se soutiennent, dans des élans du cœur tellement mièvres que la nausée n’est pas loin. Brian est un boursicoteur au chômage qui peine à retrouver un emploi, ce qui le ronge. Le petit coup de pouce du destin lui sera offert par son propriétaire, énigmatique mais chaleureux homme passionné d’Arts premiers, qui va lui présenter sa plus belle pièce, une planche de ouija.
Le voilà donc l’argument horrifique du film, une planche de bois finement travaillé qui ne servira pas à appeler les morts, mais une entité obscure qui va converser avec Brian. Il n’y a pas vraiment de quoi avoir les chocottes avec cet artefact qui prétend converser tout seul, la tension n’est pas très électrique, alors le film rajoute une histoire d’argent emprunté à un homme louche pour éviter au spectateur de piquer du nez.
Possession retrouve un peu d’intérêt dans sa deuxième partie, en lien avec le titre du film. Le métrage se fait plus thriller psychologique avec ce Brian métamorphosé, à l’assurance évidente, à la libido affirmée, mais à la perversionde plus en plus évidente, au détriment de Julie qui aura bien du mal à lui résister. S’il n’y était question d’une possession démoniaque, le comportement de Brian ne serait rien d’autre que celui d’un manipulateur narcissique.
Est-ce que ce sera suffisant pour sauver le film ? Malheureusement non, l’ensemble reste un peu mou, la tension est faiblarde. La curiosité de découvrir les mésaventures de Brian et Julie est tout de même piquée par quelques rebondissements, mais le frisson de la peur est bien absent de cette production.
Le film reste tout de même correctement réalisé, même si le réalisateur Peter Svatek adore un peu trop les travelings, tandis que la photographie un peu jaune rappelle bien le manque d’ambitions du film, produit pour le marché de la vidéo.
Ses acteurs restent assez consensuels, aux bonnes têtes mais sans grande originalité, interchangeables d’un film à l’autre mais malgré tout suffisamment compétents et professionnels. David Nerman aux faux airs d’Antonio Banderas et d’Orlando Bloom joue Brian deux fois, l’un aimant et dépassé, l’autre manipulateur. La belle Elizabeth Lambert a le physique d’un top model, mais un peu plus de personnalité. La deuxième partie lui permet à la fois de subir insidieusement les nouveaux tours de Brian, mais aussi de s’affirmer, un revirement bien interprétè mais qui ne pourra pas sauver le film de l’ennui qui le possède.