Avec "Withnail and I", Bruce Robinson nous offre un voyage aussi déjanté qu'inoubliable dans les méandres de l'existence de deux acteurs déchus, campés magistralement par Richard E. Grant et Paul McGann. Cette comédie noire, empreinte d'un humour mordant, nous plonge dans le Londres décadent de la fin des années 1960, et plus particulièrement dans l'univers désaxé de ces deux personnages atypiques.
L'atout majeur de ce film réside dans son écriture ciselée, conjuguant brillamment le sarcasme et l'absurdité, et offrant des répliques cultes à foison. L'alchimie entre les deux protagonistes est tout simplement phénoménale, Grant apportant une excentricité bouillonnante en tant que Withnail, tandis que McGann incarne avec finesse le rôle plus réservé de Marwood. Leur duo dysfonctionnel constitue le cœur palpitant du récit, nous entraînant dans une spirale d'extravagances et de situations rocambolesques.
La réalisation de Robinson n'est pas en reste, capturant avec brio l'ambiance sombre et décadente de l'époque, tout en injectant une énergie frénétique à l'écran. La photographie réussit à sublimer les paysages de la campagne anglaise, contrastant de manière saisissante avec le chaos citadin qui prévaut.
"Withnail and I" se distingue également par sa bande-son soigneusement sélectionnée, parfaitement en phase avec le ton caustique et l'esprit décalé du film. Chaque morceau, du blues lancinant aux hits rock de l'époque, contribue à l'atmosphère singulière qui enveloppe l'ensemble.
Cependant, malgré ses nombreux atouts, le film pourrait dérouter certains spectateurs par son approche résolument non conventionnelle et son ton parfois excessivement noir. Les personnages, bien que fascinants, évoluent dans un univers décadent qui peut sembler déroutant voire aliénant pour certains.
En somme, "Withnail and I" est une œuvre incontournable pour les amateurs de comédies noires à l'humour incisif. Sous ses airs d'errance déjantée, le film livre une réflexion subtile sur la désillusion et la marginalisation. Porté par des performances remarquables et une écriture acérée, il s'impose comme un bijou de l'industrie cinématographique britannique, un voyage surréaliste à savourer sans modération.