Ce polar atypique prônant la non-violence et le bien a beaucoup fait pour Harrison Ford qui cherchait à se recycler après la trilogie Star Wars ; pas facile pour lui de sortir de la peau de Han Solo, mais il est très convaincant dans ce film qui a le mérite de faire découvrir la communauté Amish qui vit enclavée, en autarcie, refusant la violence et le progrès, vivant sans électricité, sans auto et sans téléphone. La description qu'en fait Peter Weir est saine parce qu'il n'y porte aucun jugement, ni mépris, ni exaltation, ni condamnation ; ces gens étranges et décalés du monde moderne, vivent heureux en pratiquant la vertu sans se soucier du caractère saugrenu et insolite de leur mode de vie.
Ce qui fait la force de ce film, c'est ce mélange d'esprit pionnier et champêtre avec l'explosion de la cruauté du monde des grandes villes, comme Philadelphie proche de cette communauté. Avec une grande finesse psychologique et de petites touches (la scène de la toilette qui conditionne l'idylle entre Ford et McGillis, ou la formidable scène de construction de la grange), une maîtrise de la construction dramatique, une aisance dans l'humour discret, le réalisateur n'oublie pas le suspense propre aux thrillers, ni l'intrigue policière plutôt classique qui n'est qu'un prétexte pour opposer Ford à une vie un peu primitive et saine. On y reconnait le jeune Viggo Mortensen dans un petit rôle, Danny Glover alors au début de sa carrière, dans un rôle ingrat (ça surprend si on a vu les Arme Fatale avant), ainsi que Alexander Godunov qu'on retrouvera en terroriste rageur dans Piège de cristal, se fritant avec Bruce Willis dans une scène de fight plutôt corsé.
Un très bon polar que j'ai revu avec plaisir et qui m'a fait hausser ma note de 7/10 à 8/10.