Petite déception après l’excellent "Invisible man" où Leigh Whannell s’appropriait bien plus le mythe de l’homme invisible (avec son mélange de thriller technologique/drame/film d’action sur fond de toxicité masculine) qu'ici avec un autre incontournable du cinéma fantastique : le loup-garou.
Même il ne s’agit pas tant d'une histoire de loup-garou (aucune référence à la pleine lune par exemple) que d’une métamorphose à la Kafka/Cronenberg.
On sent particulièrement l’influence de "La Mouche" avec ce parallèle entre la déformation physique du héro et la dégradation physique liée aux maladies type cancer/sida.
C’est d’ailleurs dans ses moments de body horror que le film est le plus réussi avec des effets qui semblent plus physiques que numériques et rendent ainsi certaines séquences assez impressionnantes. A cela se rajoutent quelques bonnes idées:
lorsque la caméra bascule sur le point de vue du père/loup-garou rendant ses proches aussi monstrueux que lui et justifiant ainsi son agressivité; ou le fait de faire tenir les 2 derniers tiers de l'intrigue dans une unité de lieu et de temps (tout se passe sur une nuit dans les alentours d’une maison de campagne)
Pour le reste le déroulement est plus que prévisible
avec cette cellule familiale légèrement dysfonctionnelle (sans qu'on comprenne vraiment l'origine des tensions initiales au sein du couple) qui va exploser (figure paternelle d'abord attachante puis menaçante : hello "Shining"!) et devra s'unir face à l’adversité (la mère en froid avec sa fille finira par se rapprocher de cette dernière).
Sans compter la sous-intrigue du père du protagoniste qui s'avère assez accessoire
avec un twist peu exploité (le père étant le loup garou à l’origine de la contamination de son fils ).
Et la courte durée du film (1h30 sans générique) est frustrante : l’introduction (du flash-back au passage dans New York) étant relativement longue puis à partir de la transformation tout semble se précipiter. Il manquerait presque un acte au récit pour que l’ensemble prenne réellement corps.
Enfin visuellement, Whannell était plus percutant et inventif dans ses précédents long-métrages; il se perd parfois dans la pénombre lors d’un final à la photo particulièrement sombre.
Malgré ces griefs, "Wolf Man" reste tout à fait recommandable pour son respect du genre horrifique qu’il aborde avec humilité et un 1er degré salvateur.