Si on aime les Kumashiro, on adorera ce film. Le scénario de Yôzô Tanaka est profond et centré autant sur ses personnages féminins que masculins. La lumière est particulièrement travaillée tout comme les cadrages et le montage. Techniquement, c’est un vrai plaisir. Les dialogues sont très présents et subtils. Comment faire parler des hommes et des femmes au-delà des archétypes attendus ? Par petites touches, par des contradictions entre souhait, désir et normalité, par des petites faiblesses qui font la grandeur des êtres humains. Il y a longtemps que je n’avais vu un film qui parlait aussi bien et de manière si concise (1h11) de la tragédie-comédie humaine, de l’amour et du hasard, du respect de soi ou de la société. Et les scènes « chaudes » demanderez-vous ? Elles sont là, fortes ou gracieuses, mais n’attendez pas l’exotisme, ni de cordes… Juste des gens qui doivent faire l’amour. Là encore, la caméra est élégante. Kazunari Takeda signe ici un film majeur du roman porno, fort injustement méconnu. Côté actrices, si nous avions déjà vu Miyako Yamaguchi (la stripteaseuse Shimako), Natsuko Kiriya (Kayako, la femme du port) n’a tourné que 2 films et Megumi Ogawa (Tsueko, la femme du bus) nous était inconnue. Elles sont toutes trois remarquables. Il convient pour respecter le film d’inclure dans la qualité de la distribution : Kan Mikami (le personnage principal) et Kôjirô Kusanagi (le mari yakuza) qui évitent les caricatures masculines. Vous devriez être séduits par cette ballade dans ces petits chemins, du moins je l’espère.