Women talking, le titre en soi est un épouvantail à misogyne. Et pourtant, ce sont eux qui devraient voir en premier ce film.
Prenons le pitch : "Des femmes d’une communauté religieuse isolée luttent en 2010 pour réconcilier leur foi et leur réalité quotidienne". Deuxième épouvantail.
Pourtant, toute la puissance du film tient dans cet anachronisme. 2010, certes pré-MeToo, mais certains droits des femmes étaient encore acquis à l'époque. Et nous suivons des femmes dans une communauté mennomite (j'ai découvert leur existence au passage, imaginez une communauté amish) face à une série d'agressions, un espace hors du temps où le statut des femmes n'en est pas un. Ce décalage permet d'aborder les droits les plus fondamentaux des femmes de manière épurée, frontale et souvent terrifiante.
Ce film m'a beaucoup fait penser à 12 hommes en colère. Non pas dans son déroulement ou son dénouement (pas de spoil entre nous), mais dans ce huis clos où le doute et l'incertitude traversent les discours. C'est poignant, bouleversant et révoltant.
J'ai retrouvé-là une de mes actrices favorites, Rooney Mara, déroutante de subtilité. Tout le casting est d'une justesse incroyable, avec des rôles marquants portés par Claire Foy et Jessie Buckley, ainsi que par le seul homme du récit, Ben Whishaw. Trois actrices et acteur que je viens de découvrir (bien qu'ils soient connus par ailleurs).
Un deuxième choc m'est apparu après le film. J'avais compris qu'il était tiré d'un roman, mais pas que ce dernier s'inspirait de faits réels. L'horreur à l'état pur.