Women Talking, le roman de Miriam Toews, s'est inspiré d'événements atroces s'étant déroulés dans une communauté mennonite bolivienne, en 2011. Dans son adaptation du récit, Sarah Polley a cherché à rendre intemporelle et universelle, une histoire qui illustre de manière singulière et édifiante les violences faites aux femmes, dans une colonie religieuse dans laquelle, de fait, celles-ci sont réduites à l'analphabétisme, dans un contexte patriarcal, symbolique de l'ensemble de l'organisation sociale humaine. Un film féministe, pour sûr, autour de ce qu'elles disent (titre québécois du film) et où il est question, pour ces femmes de différentes générations, de décider, sous le toit d'une grange, de leur avenir et de celui de leurs enfants. Dans Women Talking, à une exception près, le prédateur masculin est hors champ mais les conséquences de ses actes est visible sur les visages et les corps de ces femmes qui débattent et s'opposent : vont-elles rester et se battre ou partir loin de leur communauté : telle est leur dilemme. D'une grande austérité, le film ne dissipe sa brume narrative initiale que progressivement et s'échappe heureusement parfois hors de son huis-clos dans des extérieurs ruraux qui ne manquent pas de faire penser immédiatement au cinéma de Terrence Malick. Le propos est souvent captivant mais un peu trop figé, peut-être, dans un forme d'exercice de style, très formellement léché mais essentiellement discursif, et qui ne possède pas suffisamment de chair ni ne suscite de véritables émotions, hormis dans ses dernières minutes. Rooney Mara est l'interprète la plus mise en avant mais c'est l'équilibre collectif de l'ensemble du casting féminin que l'on retient en priorité.