«Wonder Woman» est un très bon film de super-héros, probablement le plus éclatant depuis «The Dark Knight» de Christopher Nolan. Il y a eu de très bons films de super héros depuis, autant du côté de chez Marvel (que j'aime particulièrement pour leur univers) que du côté de chez DC qui, au moins, nous ont proposé des films au minimum divertissants.
Avec leur nouvelle production, DC passe une nouvelle étape dans le film de super héros et nous propose un très grand film où enfin nous avons une super héroïne à la hauteur de son nom. Dès la première bande-annonce j'y croyais, tout ce qu'on peut attendre d'un film de super héros avait l'air d'y être. J'ai eu la confirmation lors du visionnage du film que tout ce que j'espérais y était bel et bien. Même avec les très grandes attentes que j'avais, j'ai été surpris de la richesse du film porté par la magnifique Gal Gadot.
J'ai d'abord été surpris par l'émotion intense que dégageait le film tout au long du film, par exemple avec les morts des civils. Dans d'autres films de super héros sortis ces derniers temps, des dizaines de personnes peuvent mourir sans que leur cas soit abordé. Alors que là, en pleine Première Guerre Mondiale, on ressent l'horreur et la tristesse qu'engrange la guerre.
Ce sentiment de tristesse est accentué par une Diana Prince, quittant son île paradisiaque de Themyscira et découvrant le monde cruel où les soldats se battent, très souvent au péril de leur vie, pour défendre leur camp.
Mais au-delà des soldats, il y a aussi les dommages collatéraux : les habitants des petits villages alentours entourant les tranchées. Leurs vies sont balayées, leurs habitations détruites par des bombes ou des tirs de mortiers. Même si fort heureusement les personnes ont dû s'entraider en 1917, en vivant réellement le film, on a nous aussi envie d'aider ces femmes et enfants qui n'ont rien à voir avec la guerre. Il y a au milieu de ce champ de bataille Diana Prince qui évolue peu à peu. Elle comprend que la guerre pour laquelle elle s'est préparée toute sa vie est effroyable et souhaite aider, mais ses objectifs sont autres : combattre la racine de la guerre et y mettre fin.
Les autres morts, celle de Antiope au début est également très émouvante, c'est le mentor qui a préparé Diana au combat toute sa vie et son mentor meurt sur son île qui a toujours été paisible. C'est là aussi une symbolique. À la fin du film, celle de Steve Trevor ne fait qu'accentuer la grande émotion qui parcourt le film tout au long : un beau sacrifice qui, on le sent, impacte la protagoniste.
Il y a également une vive émotion lorsqu'on revoit la photographie de l'équipe de Diana Prince, déjà aperçue dans «Batman v Superman» et ça crée pas mal d'émotion quand on connait le destin funeste de son équipe.
Au niveau du casting, Gal Gadot interprète à merveille son rôle de légende : l'actrice est juste et charismatique. Son sourire fera assurément rougir d'autres personnes que moi. Elle est époustouflante, c'est le cas de le dire : ça doit être la première fois qu'une actrice est autant expressive dans un blockbuster, on capte toutes les émotions qu'elle dégage et transmet énormément d'émotions à travers l'écran. Elle ne fait aucun faux pas durant le film. Ce rôle de Diana Prince lui colle à la peau, elle est parfaite dedans. Il faut aussi avouer que l'écriture de son personnage est excellent : elle n'est pas née en tant que Wonder Woman, elle devient cette déesse guerrière. Son évolution psychologique est d'autant plus intéressante car en se confrontant à un monde différent de celui qu'elle a connu, elle doit absolument gagner en maturité et s'adapter. Elle quitte son paradis pour se battre et elle sera violemment confrontée à la cruelle réalité du monde. Elle est également confrontée
à la mort de ses proches.
Même si elle s'est préparée depuis son enfance pour combattre, s'apprêter au combat et y faire face sont deux choses totalement différentes.
Le reste du casting est excellent, d'ailleurs j'ai été étonnamment surpris de la justesse du jeu de Chris Pine que je ne trouve pas sensationnel en temps normal. Il joue vraiment très bien dans ce film, il est même sexy et incarne son rôle avec passion. Il nous fait croire en son personnage, il a du charme et son jeu est toujours égal.
La fantastique Antiope, interprétée par Robin Wright est elle aussi excellente en mentor de Diana et la Reine Hippolite, mère de Diana, brillamment interprété par Connie Nielsen, est elle aussi très bonne, courageuse en mère solitaire.
Il faut aussi dire que les acteurs ont bénéficié d'un très bon traitement au niveau de leurs personnages et ils ont tous de la consistance. À la fin du film, on se souvient de tous les personnages, ils ont tous quelque chose d'attachant ou une particularité qui fait qu'on se souvient d'eux. Ça prouve l'efficacité de l'écriture des personnages.
Ce qui m'a particulièrement plu dans «Wonder Woman» c'est que l'action était toujours bien gérée et elle régule le rythme. Il n'y a pas une dizaine de scènes d'action balancée au hasard. Ici, c'est le récit qui dicte l'action et il y en a uniquement lorsque c'est nécessaire pour la progression de l'intrigue, à l'instar des derniers films estampillés Marvel. Par exemple, même si j'ai apprécié «Les gardiens de la galaxie: vol.2» j'ai trouvé qu'à la fin il y avait une overdose d'action et que tous les enjeux s'envolaient. Tout explose... pour exploser. Certes c'est plutôt bien fait et on prend plein les yeux mais c'est de l'action pour de l'action, ça n'avance à rien dans l'intrigue. Quand l'action prend le dessus sur l'intrigue et qu'on perd le fil conducteur, ce n'est jamais bon signe.
Un autre bon point pour le film : c'est son humour. Ce n'est jamais vulgaire et c'est toujours subtil. Le problème des productions de chez Marvel est que leur humour est souvent peu subtil mais en plus c'est qu'il est mal dosé. On peut avoir par exemple deux ou trois répliques cherchant à faire rire en plein milieu d'un combat. Les répliques sortent de manière très hasardeuse et ça nous fait sortir de l'ambiance de la scène. Même si ça me fait pratiquement toujours rire, c'est dommage que les films Marvel ne savent pas canaliser leur humour aux bons moments. Tout le contraire pour le film de Patty Jenkins.
Le ton du film est beaucoup plus solennel que les derniers films de super héros sortis. J'apprécie «Batman v Superman : l'aube de la justice» mais «Wonder Woman» est moins sombre et plus sérieux car son thème est plus tragique. On ressent beaucoup plus d'émotions dans ce film que dans celui réalisé par Zack Snyder par exemple. Il y a un véritable enjeu : sauver des milliers de vies et arrêter la guerre. Alors que dans «Les gardiens de la galaxie: vol.2» par exemple, le ton se veut fun et décalé mais on ne ressent rien, ça remplit bien sa fonction de divertissement mais on ne ressent pas d'émotions pour les personnages.
Il n'y a aucun enjeu dans le film de James Gunn, on sait très bien que Ego n'arrivera jamais à son projet final.
On peut aussi noter que ça change des autres films de super héros ou anti héros. Maintenant dans pratiquement tous les films, nous sommes habitués à la violence graphique. Des gens se combattent, certains sont lourdement blessés et ça ne nous fait ni chaud ni froid et à la limite on est content qu'ils se battent dans certains films puisque c'est pour les combats qu'on est venu voir ce film («John «**Deadpool» et le film est cool mais c'est un massacre humain total, pareillement pour «Logan» où la mort des «méchants» nous semble normale et à force de voir ce genre de films souvent, il y a une banalisation de la violence.
Or ici et c'est en ça que ce film change des autres films de super héros, c'est que la protagoniste se sent réellement concernée par l'horreur de la guerre et par la violence de celle-ci. Même si une guerre oppose deux camps adverses, voire plus, il ne faut pas qu'il y ait de morts inutiles et la guerre est inutile.
Les scènes d'action du début à la fin sont excellentes, magnifiées par une photographie brillante. Les combats sont très bien chorégraphiés, c'est dynamique et bien filmé. On retiendra notamment la scène du débarquement sur l'île de Themyscira, magnifiquement filmée ou encore la scène si importante du «No man's land».
On retiendra aussi l'affrontement final avec Arès qui est sacrément badass avec son armure. Le moment où Diana comprend que Steve se sacrifie pour sauver des vies est sacrément émouvant et j'ai adoré la façon dont Patty Jenkins a mit en scène sa réaction : sous un silence solennel, Diana, furieuse, combat tous les soldats allemands et Arès car ils ont tué ses amis et des milliers d'autres personnes en raison de leurs différences : j'ai trouvé sa réaction humaine et appropriée à la hauteur de la gravité de cette mort.
C'était LE moment fort du film.
D'ailleurs, les scènes d'action sont toujours très efficaces grâce aux effets spéciaux à la hauteur et aux très beaux décors, en particulier l'île de Themyscira qui est vraiment une merveille.
Rupert Gregson-Williams, après son travail exceptionnel sur «Tu ne tueras point» signe une nouvelle fois une bande originale d'exception, alternant morceaux épiques avec d'autres plus élégants, adaptés à des situations plus émouvantes. On sent un réel investissement dans cette musique, dans la scène du «No man's land» ça fonctionnait très bien. Mention spéciale à la musique du générique «To be human», interprétée par Sia, qui résume bien le film.
Le film n'est pas formaté à l'instar d'autres productions Marvel comme «Captain America : Civil War» qui ne prend aucun risque alors que «Wonder Woman» en prend pendant toute la durée du film. Rien qu'à la base une femme qui combat dans les tranchées durant la Première Guerre Mondiale, c'est difficile de faire accepter une idée comme ça, on a trop l'habitude des hommes qui se battent pour les femmes... et ça fait du bien qu'un bon film casse enfin cette idéologie, ça change !
D'ailleurs, le film est assez féministe et dénonce avec finesse le traitement des femmes au début du XIXème siècle, en mettant en scène des réunions réservées aux hommes et également le pouvoir politique qui était réservé exclusivement aux hommes riches.
La romance qui peut paraître évidente entre Diana Prince et Steve Trevor est finalement peu présente et surtout elle n'est en rien grossière, tout se passe en finesse. Leur relation est bien approfondie dès le départ sur Themyscira et évolue, tout comme les personnages, avec notamment la scène sous la neige très classe et romantique.
Il faut aussi souligner que la promotion du film a été très bonne pour une fois, c'est étonnant de la part de la Warner car ils ont plutôt tendance à communiquer toute l'intrigue de leurs films dans leurs bandes annonces alors que pour «Wonder Woman» ça a véritablement bien été géré.
C'était évident que le film parle de mythologie puisque Diana fut crée par Zeus mais je n'aurais pas pensé que ce côté mythologique soit si présent et si bien intégré au scénario de base qui traite de la Première Guerre Mondiale.
Le film mêle habilement la réalité et les croyances, ce qui le rend encore plus original.
Pour résumer, «Wonder Woman» a tout pour plaire et c'est rare qu'un blockbuster ait un message et une émotion aussi intense. C'est donc pour ma part un troll de super-héros très réussi et le meilleur film DC sorti depuis le chef d'œuvre de Christopher Nolan.
15/20