DC au cinéma, c'est un univers partagé très discuté : adoré par les uns quand il est détesté par les autres, aucun de ses films n'était parvenu, avant Wonder Woman, a mettre la majorité d'accord autour d'une opinion commune : les films DC Comics peuvent réunir les masses et plaire au plus grand nombre. Mais pour un tel état de fait, la maison de production à l'origine du premier des super-héros (Superman) se serait-elle fourvoyée dans une oeuvre sans âme, fade, dans un divertissement simplet quand elle nous promettait, au travers de ses deux premiers films, une réelle réflexion sur le monde qui nous entoure?
Oui et non : il y a de cela, mais le film ne s'arrête pas à son changement de ton. Un changement de ton qui est mesuré, toujours très maîtrisé, et qui s'explique notamment par la naïveté craquante d'une princesse Diana découvrant l'humanité au travers des yeux d'une enfant, d'une nouvelle-née. Franche comme aucune autre femme de l'époque, elle dit constamment ce qu'elle pense, amenant des dialogues humoristiques très bienvenus et des situations cocasses saugrenues, jamais trop infantilisantes non plus.
Le féminisme est présent, la défense de la femme également, tout comme la reproduction des mentalités de l'époque sera drastiquement réussie : c'est une reproduction très fidèle (du moins de l'idée qu'on en a) de comment les gens pensaient, de comment les hommes vivaient avec les femmes, de comment ils voyaient l'amour et la manière de l'exprimer, de se comporter en société et pour la société.
Dans le ton généralement sombre du DCCU, le film surprend par sa joie de vivre, par son humour généreux et ses personnages hauts en couleurs. Une escouade de personnages qui n'apportera que peu de choses au déroulement de la mission, si ce n'est de faire avancer l'intrigue en nous révélant le point sur lequel ils sont discriminés. Car Wonder Woman est un film qui défend les minorités au même titre que la veuve et l'orphelin, qui prend le parti de tout le monde et ne laisse personne derrière lui.
Porté par sa tolérance et son ouverture aux autres, le film développera bien quelques personnages, et l'on se surprendra à s'attacher à bon nombre d'entre eux, cela jusqu'à son final bien vu, même si vous pourrez trouver le dernier acte un poil longuet, avec l'exposition du méchant qui n'en finit plus, si ce n'est grotesque, avec cette morale douteuse de l'amour qui rapproche les hommes en guerre.
En plus de cela, un certain manque de personnalité est à relever dans la mise en scène, qui, à trop vouloir plagier le style de Snyder, se perd dans une démesure des ralentis, tombant dans les mêmes travers regrettables que la suite de 300. Sans réelle personnalité visuelle, le film de Patty Jenkins garde cependant la photographie typique du DCCU, sombre et profonde, avec certaines très belles images et des séquences fortes qui restent en mémoire (notamment celle de la tranchée, bien filmée).
Malgré cela, on relèvera un jeu d'acteurs très soigné, avec son impeccable Gal Gadot et son surprenant Chris Pine. Les seconds rôles y apporteront beaucoup, à l'excepté du général allemand, toujours aussi peu charismatique que quand il jouait Stryker dans X-Men Origins : Wolverine.
Légèrement gâché par ses quelques incohérences (le navire de guerre qui disparaît pendant la scène sur la plage, par exemple), le film arbore cependant un souffle épique qui décuplera l'immersion de l'expérience cinématographique, détruisant tout sur son passage par son action très efficace, et ses scènes de combat suffisamment lisibles pour être agréables à l'oeil. On lui reprochera cependant certains CGI qui passent mal, mal finis ou mal incrustés, notamment lors des scènes de combat : alors, il sera évident que l'équipe technique aura eu recours au numérique pour exécuter de plus impressionnantes chorégraphies de batailles.
La fin à rallonge pourra vous lasser, comme je l'ai précédemment mentionné, mais si vous aimez les combats avec retournements de situation et séquences saisissantes à la clé, vous devriez apprécier le rendu global. Au final, Wonder Woman est un bon film d'action, une belle histoire de guerrière naïve croyant dur comme fer à ses idéaux, jusqu'à finalement tomber dans une sorte de fanatisme bien géré. Film nuancé s'il en est, l'oeuvre justifie intelligemment son humour par la personnalité même de sa protagoniste, brute et sans concession. A sa manière, bien entendu.
Un film qui parle d'espoir, d'amour et d'amitié, de guerre et de fraternité, qui pose les bases d'un jour nouveau pour DC Comics, celui où le public global se sera mis d'accord pour se dire qu'il n'y a pas que Marvel qui possède le monopole des films de super-héros liés entre eux, et que la concurrence, de tous bords, ne devrait pas tarder à imiter sa démarche de placer une femme comme héroïne d'un film adapté de comics.
Puis vinrent Justice League et Aquaman.