Avec son affiche haut en couleurs, la deuxième aventure solo de Wonder Woman promettait d'être fun et pétillante. Au final, le film se révèle terne, fade, peu inspiré et ennuyeux. C'est la douche froide !


Pour expliquer mon point de vue, je vais devoir dévoiler des éléments clés du film que je cacherai afin que celles et ceux qui ne veulent pas être spoilés puissent continuer la lecture de ma critique à leur aise ;)


Je n'ai quasiment trouver aucun point positif si ce n'est que le choix du casting féminin est bon:



  • Gal Gadot continue d'incarner avec force Wonder Woman. Elle se démène et joue la belle Amazone avec conviction. Son plaisir d'incarner WW à l'écran est communicatif. Son personnage garde les qualités du premier opus: attachant, fort et foncièrement bon.


  • Kristen Wiig est convaincante dans le rôle de Barbara Minerva aka Cheetah, Nemesis iconique de WW. Le coté amical et maladroit de Barbara est bien contrebalancé au fur et à mesure du film par le coté cupide et brutal de Cheetah, non sans toutefois tomber dans les clichés conventionnels. J'ai particulièrement apprécié son coté bestial dans les expressions faciales, dans sa gestuelle et dans l'intonation de sa voix (j'ai vu le film en V.O.) quand elle est encore sous sa forme humaine. C'est une agréable surprise que de voir qu'elle y va crescendo dans son jeu d'acteur tombant progressivement sous la coupe de ses nouveaux pouvoirs. Malheureusement, cette subtilité disparait sous les CGI de Cheetah dans la dernière partie du film.



On ne peut pas en dire autant du casting masculin:



  • Pedro Pascal aurait pu, aurait du s’avérer être un choix payant. L'homme en lui-même est charismatique et ses qualités d'acteurs sont indéniables. Malheureusement, l'écriture de son personnage est catastrophique et dessert grandement son jeu et ses apparitions à l'écran. Il surjoue tout au long du film et les choix faits pour son perso par la réalisatrice Patty Jenkins ne sont pas dignes du Maxwell Lord du Comic Book


  • Le retour de Steve Trevor est inutile et forcé. L'alchimie entre Chris Pine et Gal Gadot, le moteur du film précédent, a totalement disparue. Vu son manque d'implication et de conviction dans certaines scènes, l'acteur semble lui-même se demander ce qu'il fait là par moments. C'est désolant !



Maintenant, passons aux sujets qui fâchent... SPOILERS AHEAD !


Je vais expliquer ce qui m'a dérangé et ce que moi j’aurais (humblement) fait à la place de Patty Jenkins... attention, je ne suis pas réalisateur et ce n'est que mon avis personnel bien sûr ;)



  • De mon point de vue, le personnage de Maxwell Lord est véritablement massacré dans ce film.
    Dans le comic book, il a des pouvoirs de télépathie et de persuasion qui lui permettent d'influencer les gens et les Héros et même de prendre le contrôle de leur esprit en déformant la réalité et la vérité. Un peu comme le ferait un mirage dans le désert: une oasis apparait devant vous mais c'est une vue de l'esprit.
    Il réussit d'ailleurs à prendre le contrôle de Superman dans le comic book et il finira froidement tué des mains de WW devant les caméras du monde entier.
    Ici, point de tout cela... Ses pouvoirs sont un peu différents.

    Maxwell Lord obtient ses pouvoirs via une pierre philosophale qui réalise votre vœux le plus cher et il devient même l'artéfact en question !
    Cela ne vous rappelle-t-il pas une autre saga ?
    Celle d'un sorcier à lunettes... Gagné !



L'idée de modifier le personnage et de ne pas coller au matériau d'origine prête à sourire et se révèle être très mauvaise dans sa finalité^^
En effet, le retour de Steve Trevor et la transformation de Barbara en Cheetah sont liés aux pouvoirs de Maxwell Lord et cela pose d'énormes incohérences scénaristiques.



  • Du coté de Steve Trevor, puisque son retour était annoncé, j'aurais préféré que Maxwell Lord utilise ses pouvoirs télépathiques pour faire croire à Diana que son amour était revenu d'entre les morts. Cela aurait été tellement aberrant que Diana puisse croire cela (Steve Trevor est mort en 14-18^^) qu'au final cela aurait renforcé le coté manipulateur surpuissant de ML.
    Patty Jenkins va plus loin dans le délire que moi et repousse les limites de l'extravagance avec

    un retour sous la forme d'un parfait inconnu bien vivant qui prend les traits de Steve après le vœux de Diana...
    Avouez que c'est tordu !!



Le retour de Steve Trevor sous la forme d'un mirage, d'une prise de contrôle de l'esprit de Diana aurait été plus crédible que l'option prise par Patty Jenkins. Cela aurait donné du poids à la caricature de Maxwell Lord en métaphore de Donald Trump. Le message dénonciateur du film sur les discours mensongers qui promettent monts et merveilles aux citoyens serait mieux passé auprès des spectateurs.


Pourquoi introduire Maxwell Lord si ce n'est pas pour utiliser ses caractéristiques en se conformant au matériau d'origine, à savoir le comic-book ?

De mon point de vue, cela n'aurait pas donné un moins bon résultat, peut-être même que l'inverse se serait produit !



  • La pirouette scénaristique afin de transformer Barbara en bête sauvage est assez conventionnelle et usée à outrance dans les productions de ce genre.
    Là où le bat blesse vraiment, c'est dans la relation amicale entre Diana et Barbara et dans son cheminement vers une rivalité pleine de haine dans le chef de Barbara.
    On ne pouvait pas atteindre des sommets en termes de développement et de caractérisation vu la durée formatée de l’œuvre mais on pouvait légitimement s'attendre à un meilleur résultat.
    Le film reste très superflu quant aux conséquences pour Diana du basculement de Barbara dans la haine et quant à la perte de son amitié.
    Vu la place prépondérante qu'occupe Cheetah dans la galerie d'ennemis de Wonder Woman, elle aurait mérité un meilleur traitement. Plus intime et moins aseptisé. Leur relation amour-haine aurait du être le cœur du film et faire l'objet d'une attention particulière en construisant leur amitié de façon sincère afin de jouer sur le fait qu'à la fin, Diana perdait à nouveau un être cher après avoir perdu il y a des années Steve Trevor. Ce deuxième opus aurait du mettre en lumière la perte de sa meilleure amie en plus de la perte de son grand amour des années auparavant dans le premier opus et mettre ses deux évènements tragiques en parallèles.
    Au lieu de cela, le film passe vite à autre chose et se concentre davantage sur Steve Trevor et surtout Maxwell Lord. Barbara et Diana ont bien quelques échanges et scènes ensemble mais rien n'est approfondi et c'est dommage !


  • Les scènes d'action sont molles, moches et illisibles. On est loin de l'épique scène du No Man's Land du premier opus !
    Patty Jenkins se fourvoie en faisant dans le spectaculaire à outrance.


    Je me souviens d'une scène ridicule où Diana s'accroche à un missile avec son lasso pour être catapultée vers l’autre extrémité du convoi militaire.
    Ou encore le fait que Diana puisse rendre son avion invisible rien qu'avec ses pensées et en appliquant ses mains sur l'appareil. OK l'avion invisible fait partie de la mythologie de WW mais cette référence est très maladroite dans le film. Un Deus Ex Machina sorti de nul part !



Cette surenchère donne lieu à des scènes grotesques et très malaisantes. Et puis, il n'y a aucune tension dans ce que filme Patty Jenkins. Ses scènes d’action n'ont aucune saveur.


Il y a des incohérences aussi: comme le fait que Diana revêt la célèbre armure d'or pour le combat final. A ce moment, elle a renoncé à son vœu et a recouvré ses pouvoirs; dès lors, pourquoi avoir besoin de l'armure ?



  • L'abus du fond vert et des CGI !
    On avait déjà eu notre quota d'immondes images de synthèse dans le final du premier opus mais visiblement, ce n'était pas assez pour l'équipe artistique.
    Ce fond vert dégueulasse sur lequel on a maladroitement ajouté un ciel bleu lorsque Diana vole = cancer des yeux phase terminale assuré !


Le rendu de Cheetah et de l'armure d'or de Diana était à craindre à l'écran. À juste titre. D'où ce constat cocasse: la brièveté et l'illisibilité du combat final deviennent un avantage inespéré.



  • L'utilisation maladroite et à des moments inappropriés de la musique d'Hans Zimmer est à déplorer.
    Dans le premier opus, le theme de WW "Is she with you ?" était utilisé avec parcimonie et à bon escient.
    Ici, il est à peine audible et n'est jamais lancé au moment opportun afin de souligner la bravoure de Diana et mettre en valeur une scène épique.
    Aussi, lors du final, vous allez pouvoir entendre le morceau "A beautiful lie" déjà présent dans l'intro de Batman V Superman lors de l'enterrement des parents de Bruce Wayne.
    Ce thème musical se veut une référence aux belles promesses de Maxwell Lord qui se révèlent être un tissu de mensonges et un cadeau empoisonné. L'intention est louable mais son exécution est mauvaise et ne fait passer aucune émotion au spectateur, un comble !


  • Pourquoi 1984 au final ? Pourquoi ce choix d'année ?
    J'ai bien ma petite idée sur la question mais le choix des eighties est sous-exploité pour moi^^



Je terminerai cette longue critique en disant que Patty Jenkins et toute son équipe se sont fourvoyés et se sont peut-être vus trop beaux avec cette suite au vu du succès et de la réussite du premier opus de 2017. Le résultat final est poussif voire carrément ennuyeux (j'ai failli m'endormir au bout d'1h^^), indigeste et trop superficiel dans le traitement de ses personnages, particulièrement dans la relation Diana-Barbara.


2020... une année à oublier définitivement !

LaurentRensonnet
4

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le 27 déc. 2020

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