Réaliser un documentaire sur Woody Allen tient de la gageure tant l'homme rechigne à parler de son œuvre, n'aime pas les interviews, et aime rester au fond discret. Robert B. Weide a pourtant réussi à proposer un film de deux heures (et une heure de plus dans une version télévisée, que je n'ai pas vue) qui retrace sa vie, sa carrière, jusqu'au triomphe de Midnight in Paris, en 2011.
Le documentaire a l'intelligence de revenir plutôt sur les débuts d'Allen, de son enfance, ses débuts en tant que comédien de stand-up, et son époque au lycée où il fut payé pour écrire des blagues pour des comiques. Les archives sont très nombreuses, avec plusieurs interventions de Woody, dont un moment où il revient à sa maison d'enfance. Son humour caustique était déjà là, avec cette tête inimitable de chien battu et ses énormes lunettes.
Célébrité de renom à la télévision américaine, il écrira un scénario (Quoi de neuf, Pussycat ?) qui sera tellement massacré qu'il décide à ce moment-là de devenir réalisateur et qui plus est de ses propres écrits. Je comprends très bien que sur deux heures, on ne puisse pas tout voir, on aperçoit donc Annie Hall, Woody et les robots, Manhattan, et surtout Stardust Memories auquel Woody semble avoir un faible, probablement parce qu'il a été un des plus boudés par le public.
Sa vie privée est aussi abordée, que ce soit avec des interventions de Diane Keaton ou sa deuxième épouse, et on n'échappe pas à Mia Farrow, ainsi que le scandale qui a suivi lorsque Woody Allen fréquenta, puis épousa, sa fille adoptive. Il est à noter que Farrow n'intervient pas dans le documentaire, mais cela n'empêche pas Woody de louer ses talents d'actrice.
On également plusieurs participants à ses films, dont ses coscénaristes, des acteurs/actrices... tous louent la grande disponibilité du réalisateur ainsi que son talent dans la direction d'acteurs.
D'ailleurs, on voit de courts extraits du tournage de Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, où on voit Wooody Allen au plus près de ses acteurs, Naomi Watts et Josh Brolin. Ces moments-là sont précieux en tant que spectateur tant on sait que le réalisateur déteste toute intrusion extérieure sur le tournage de ses films.
Excepté l'excellent livre d'entretiens avec Eric Lax (son biographe, également présent dans le documentaire) paru il y a quelques années, Woody Allen ne s'est jamais autant livré qu'ici, et va jusqu'à nous montrer sa fameuse machine à écrire où il continue de taper ses scénarios, et un court passage à la salle de montage.
On apprend enfin que plusieurs de ses idées de films ont été rédigées ça et là, dont des chambres d'hôtel, avec des pages toutes jaunies.
Le documentaire se termine donc sur le triomphe public et commercial de Midnight in Paris, contredisant une idée que Woody avait de ses films ; qu'il ne fera jamais un carton. Et là, avec plus de 150 millions de dollars, Owen Wilson le compare, en riant, à .... Michael Bay !
J'ai appris des tas de choses sur Woody Allen, surtout sur sa jeunesse en tant que comique, et ce documentaire donne furieusement envie de voir les films que je n'ai pas encore vus ... et il y a du travail !