Des cœurs sur ton mur

Coup de cœur explosif. Ce film est inspiré d'un best-seller donc il promet un beau scénario.

Promesse tenue. Acteurs exceptionnels, époustouflants, un rôle difficile. Une relation avec les parents tumultueuse car eux aussi sont empêtrés dans les méandres d'une vie différente.

Je trouve ce concept incroyable et d'une richesse inestimable, entrer dans la tête d'un schizophrène, voir ce qu'il voit... Mais d'une réalisation trop impeccable, on trouve que ce n'est pas une maladie mais une chance. Les objets volants, le feu chez la bonne sœur, et tout le monde autour qui brûle, avec une minutie dans chaque détail...

Et parlons des trois personnages, issue de cette vision hallucinogène : ils sont tous formidables et complémentaires, comme s'ils représentent, à la façon de vice-et-versa nos émotions : la colère avec le garde du corps plus âgé, chauve, baraqué & armé d'une batte de baseball, inoffensive puisqu'imaginaire mais lui voit les détails de ce qui va suivre s'il s'en sert, jusqu'à ce qu'il retrouve une vision non atrophiée de la réalité.

Une jeune fille au contraire un peu hippie sur les bords, zen, qui l'incite à se calmer, respirer et ouvrir ses chakras, et un jeune de son âge chemise ouverte obsédé par les filles qui dit surtout ce qui lui passe par la tête. Adam, le personnage principal qui les voit, se réveille avec eux et pimente sa journée avec leurs conseils ou commentaires, arbore un sourire en coin à chacune de leur réplique car il est le seul à les entendre, leur jugement sur son entourage est tordant donc on ne comprend pas en quoi c'est un problème. Et c'est un concept grandiose, si on l'ampute de la maladie auquel il est lié.

On pourrait s'enorgueillir de ce petit scénario gentiment romancé et s'arrêter là, en se disant ils sont bien gentils mais un peu encombrants, ils empêchent de penser quand on aimerait du silence. Leurs conseils peuvent ressembler à de la sagesse, un garde du corps se veut toujours rassurant mais inefficace s'il est fictif et uniquement pour prémunir les dangers de sa tête, si encore cela fonctionnait. Ce danger glacial d'une voix qu'on ne voit pas, pas de personnification pour celle qui prend aux tripes, d'outre-tombe, paralysante et qui dit des choses que personnes n'aiment entendre. Responsable de tout ce qui vole en éclat et rend malade, dangereux pour autrui et pour ça. Mais je persiste à dire que si on l'enlève, les personnages restent furieusement bien sympathiques et attachants puisque clamant de bonnes recommandations tels des conscience. Le seul frein c'est que parfois ils sont en désaccord et prodiguent des conseils opposés.

Si encore le garde du corps se servait de sa batte pour neutraliser la voix et sa spirale diabolique qui met tout en orbite sur son passage tel un vortex aspirant tout dans le gouffre de son trou noir, ce serait un brin plus utile mais ce n'est pas le cas.

Thérapies, médicaments multiples, changement d'école, en vain ? Lorsqu'un remède novateur est ingurgité et que les hallucinations s'estompent pour disparaître, il peut devenir un mec génial avec un talent particulier pour la cuisine. Jusqu'à ce que des effets spéciaux un peu gênants, outre des spasmes musculaires temporaires l'anéantissant plus qu'autre chose, il va devoir choisir entre son amour naissant qu'il ne veut pas contraindre à cette réalité fuyante, le beau-père qui ressemble à Jack Nicholson dans Shining mais qui se révèle être d'une bravitude à la Ségolène Royale... Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un petit chef d'œuvre d'une utilité pédagogique à nous faire suivre les tribulations d'une maladie méconnue qui n'a rien d'un dédoublement de la personnalité.

Et parlons de Charlie Plummer qui excelle et crève l'écran de son jeu dévasté et à la fois parfait. Un grand acteur à suivre, même si la plupart de sa filmographie n'est pas à la hauteur de ce film, moins méticuleux dans le choix de ses scripts que l'étaient Jonathan Brandis ou encore Haley Joel Osment qui se spécialisait dans des films singuliers qui faisaient beaucoup réfléchir, mêlant science-fiction et grand talent.

J'ai d'ailleurs interrompu le visionnage de Spontaneous (adolescence explosive) après le départ de son personnage, car son talent d'acteur ne parvient pas à sauver ni rendre intéressant cet ovni inexplicable où tout le monde semble se moquer des gens qui explosent...

Mais comme il est dit dans l'Histoire sans fin : ceci est une autre histoire.

Donnons-lui sa chance sur d'autres œuvres.