A l'heure des reboot, remake, spin-off et autres préquels, il est définitivement impossible de faire mieux que la sulfureuse et charismatique Melissa Joan Hart. L'icône de notre enfance, les souvenirs se ramassent à la pelle dès qu'on prononce 'Sabrina l'apprentie sorcière" !
Certains vont se rappeler des jérémiades des deux tantes acariâtres et décalées, avec une préférence soit pour la plus délurée des deux : Hilda, sa folie et son commerce d'horloges, ou encore son violon.
Ou pour la plus scientifique Zelda, plus autoritaire et rationnelle. Mais leur duo détonnait et équilibrait parfaitement l'apprentie sorcière, les gloutonneries et facéties de Salem le conquérant, ne perdant jamais une seconde pour subtiliser le pouvoir.
Votre choix pouvait aussi se porter sur le proviseur adjoint Willard Kraft, à mourir de rire, détestant Sabrina, la soupçonnant sans cesse de manigance douteuse, sortant avec les deux tantes à tour de rôle...
Sans parler de Lybie la pom-pom-girl, démoniaque mais amusante...
Ou alors c'est le mélange de toute cette zizanie qui vous donnait envie de savourer avec délice un épisode de la vie de cette demie-mortelle.
Alors ce reboot est perdu d'avance, merci au revoir...
Néanmoins, par pure nostalgie et curiosité, on va jeter un œil furtif.
On sait de par les bande annonces et tout ce qu'on a pu lire, que ce serait très sombre et non comique.
On ne peut s'empêcher de comparer les personnages aux originaux dès les premières minutes, Harvey Kinkle travaillant à la mine, les amies de Sabrina qui ont chacune des "pouvoirs", la pétillante et sensuelle Lady Blackwood volant toujours autour de la demie-mortelle plus révoltée que la première...
Effrontée même, contre l'autorité, promue à un grand destin, c'est une fille de caractère avec une sacrée poigne.
Et puis des cliffangher à la fin de chaque épisode qui donnent inéluctablement envie de plonger dans le suivant, on s'attache, et on se détache complètement de la comparaison comique, on s'habitue aux traits des personnages, aux nouveaux comme le cousin Ambrose, l'église de la nuit, et les sœurs du destin...
On sursaute, on frémit, ... Monsieur Kraft nous manque mais n'aurait pas sa place dans cet univers, dévoré en un rien de temps par Madame Satan.
Sans parler du contexte féministe ambiant, les femmes au pouvoir, la discrimination des transgenres et le sexisme lattent du Père Blackwood qui veut réduire les femmes à l'état de simples servantes. "Propagande féministe ?" ça revient à dire que Game of Thrones fait l’apologie du viol et de la violence, ces remontrances sont hors-sujets car à l'époque où se déroule Sabrina, les femmes n'avaient pas le droit de vote, il est donc normal que certaines se rebellent, tout comme au temps moyenâgeux, viols et pillages émanaient de toute part.
Il est donc courageux que les protagonistes ensorcelantes brandissent des messages forts, c'est noble et ne pourront s'en offusquer que des personnes cherchant le vice là où il n'y en a pas.
Au final, on est très vite happé, on est sans cesse amusé de la tournure que prend les personnages, le ton et l'ambiance générale, quasi-choqué de ce que fait le cousin Ambrose, mais la plus névrosée reste tout de même Sabrina.
Sans limite et on découvrira dans la bande-annonce de la seconde saison qu'elle ne semble pas s'arrêter en si bon chemin.
On ressort donc conquis, amoureux, l'actrice est époustouflante et tout le casting est épatant, les personnages sont bien plus profonds que dans la sitcom légère, le contexte change mais on connait cette famille. Même si elle travaille à la morgue !
On est impatient de découvrir la suite et on peut se dire qu'on s'est trompé sur les reboot.
A moins que ce ne soit l'exception qui confirme la règle.